Le débat sur l’Islam et la laïcité suscite critiques et incompréhensions. Et crée des vagues. Nicolas Sarkozy vient de limoger son conseiller en charge de la diversité, Abderrahmane Dahmane, après ses propos jeudi soir à la Grande mosquée de Paris.
Cet ex-secrétaire national de l’UMP en charge de l’immigration s’en est pris avec vigueur à son parti : « L’UMP de Copé, c’est la peste pour les musulmans ». Tout en défendant le chef de l’Etat, il a appelé ses coreligionnaires à « ne pas renouveler leur adhésion » à l’UMP tant qu’il n’aurait pas annulé le débat prévu le 5 avril.
Devant la caméra de Public Sénat, un militant du Gard, Abdallah Zekri, chargé de mission au Conseil français du culte musulman et aumônier musulman des hôpitaux, a découpé sa carte de l’UMP. « On ne peut pas être dans un parti qui est en train de nous stigmatiser », a-t-il lancé.
Très en colère, Abderrahmane Dahmane a continué sa violente diatribe à l’égard de l’UMP : « Aujourd’hui on trouve comme par hasard que l’Islam pose problème. Quel problème il a posé en 14-18 ? Quel problème il a posé en 1870 lorsqu’ils sont morts à Sedan ? Quels problèmes lorsqu’ils ont libéré Montecasino et ont permis aujourd’hui à la France d’être libre ? Ce n’est pas les néo-nazis d’hier et d’aujourd’hui qui vont faire que les musulmans vont baisser les bras et encore moins ne pas se battre »…
Résultat, Nicolas Sarkozy a mis fin à ses fonctions. « Je n’ai pas l’intention d’être le supplétif alimentaire de Sarkozy ou de Copé », a réagi Abderrahmane Dahmane. « Il vient de me rendre ma liberté, je vais me mettre en campagne pour défendre la dignité des musulmans de ce pays ».
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Communiqué de Jean-Marc AYRAULT, Président du Groupe Socialiste, Radical et Citoyen à l’Assemblée nationale
Le limogeage du conseiller à la diversité de M. Sarkozy confirme le malaise que provoque l’instrumentalisation de la question de l’Islam par le président de la République et l’UMP.
Il est vrai qu’en écoutant les mots très durs de M. Dahmane contre son parti, on ne voyait pas très bien comment il pouvait continuer de travailler à l’Elysée.
Mais comment ne pas comprendre le ras-le-bol de M. Dahmane et celui de tous nos compatriotes musulmans devant les campagnes d’ostracisation que mène l’UMP à leur endroit. Ils ne veulent plus être les bouc-émissaires de tous les problèmes du pays et ils ont raison.
Comment également ne pas s’étonner de ces sanctions à géométrie variable que pratique le pouvoir. D’un côté on limoge M. Dahmane, de l’autre on se contente de désapprouver l’appel de la députée Mme Brunel à « remettre les immigrés dans les bateaux ». Sévérité pour l’un, indulgence pour l’autre.
On ne saurait mieux illustrer cette atmosphère larvée de discrimination que dénonce M. Dahmane.