Tunisie : cinq ministres démissionnent, le gouvernement contesté
Le monde publié le 18 janvier 2011 à 14:56
Au lendemain de la présentation à Tunis d’un gouvernement de transition, trois jours après la fuite de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, Mohamed Ghannouchi, doit faire face à plusieurs coups durs : la démission de plusieurs de ses ministres, mais aussi des critiques d’opposants et de manifestants estimant que le nouveau cabinet accorde trop de place aux cadres de l’ancien régime.
Trois personnalités de l’opposition font partie du gouvernement d’union, mais les portefeuilles clés de l’intérieur, de la défense, des finances et des affaires étrangères n’ont pas changé de mains
La commission administrative de l’UGTT vient de décider le retrait de ses 3 représentants du Gouvernement.
18/01/2011
13h25. Les trois ministres appartenant à la centrale syndicale tunisienne UGTT démissionnent du gouvernement de transition formé la veille, à la demande de leur organisation, annonce Houssine Dimassi, nommé la veille ministre de la Formation et de l’emploi. Les deux autres ministres démissionnaires, selon M. Dimassi, sont Abdeljelil Bédoui (ministre auprès du Premier ministre) et Anouar Ben Gueddour (secrétaire d’Etat auprès du ministre du Transport et de l’équipement).
Un peu plus tôt, la centrale avait indiqué ne pas reconnaître le gouvernement d’union nationale et demandé aux ministres issus de ses rangs de démissionner.
Elle demande que ce gouvernement soit apuré des symboles de la dictature de Ben Ali, notamment des ministères de souveraineté (la Défense, l’Intérieur et les Affaires étrangères), ainsi que de certains membres de ce gouvernement, connus pour avoir été associés à tous les crimes (torture, assassinat…) de Ben Ali depuis 23 ans.
PARIS (AFP) – Le mouvement islUmiste tunisien Ennahda « n’aura pas de candidat à la présidentielle » prévue dans six mois en Tunisie mais veut participer aux législatives, estimant qu' »il n’y aura pas de transition démocratique sans Ennahda », a déclaré à l’AFP un de ses porte-parole à Paris
Communiqué du Mouvement Ettajdid
Le Mouvement Ettajdid a accepté de participer au gouvernement afin de combler le vide politique qui menace la sécurité du pays et de préserver les acquis de la révolution du peuple.
Et, conformément à l’engagement du 1er ministre de séparer les institutions du pouvoir du RCD, le Mouvement Ettajdid pose les exigences suivantes :
1- la démission immédiate, du RCD, de tous les ministres appartenant à ce parti
2- le gel de tous les avoirs mobiliers et immobiliers du RCD qui sont les biens du peuple tunisien
3- la dissolution des cellules professionnelles du RCD au sein de toutes les entreprises et administrations du pays.
Si ces exigences ne sont pas réalisées dans l’immédiat, le mouvement Ettajdid révisera sa participation au gouvernement.
Tunis le 18 janvier 2011
Le Mouvement Ettajdid
Jounaïdi Abdeljaoued
17/01/2011
Mohammed Ghannouchi, dernier Premier ministre du président déchu Ben Ali a annoncé lundi les noms des 24 membres du nouveau gouvernement d’union nationale.
Trois d’entre eux sont des chefs de l’opposition légale : Ahmed Néjib Chebbi, du Parti démocratique progressiste, (PDP), a été nommé ministre du Développement régional et local.
Un autre, chef de l’Ettajdid, Ahmed Ibrahim, occupera le poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Le troisième opposant, Mustapha Ben Jaafar, chef du Forum démocratique du travail et des libertés, a hérité du ministère de la Santé publique. Huit ministres de l’ancien cabinet du président Ben Ali, ont été reconduits dans leurs fonctions.
Parmi les autres membres du gouvernement, huit appartenant à l’ancien cabinet du président Ben Ali ont été reconduits dans leurs fonctions.
Des nouvelles figures indépendantes ont également fait leur entrée, comme Slim Amamou, un bloggueur emprisonné pendant la «révolution du jasmin» en Tunisie et libéré jeudi dernier. La cinéaste Moufida Tlatli, célèbre par son long-métrage «les silences du palais», a été nommée à la Culture.
Le gouvernement d’union national de transition
1- Premier ministre: Mohamed Ghannouchi (Rassemblement constitutionnel démocratique, RCD, reconduit)
2- Ministre de la Justice: Lazhar Karoui Chebbi (indépendant)
3- Ministre de la Défense nationale: Ridha Grira (RCD, reconduit)
4- Ministre des Affaires étrangères: Kamel Morjane (RCD, reconduit)
5- Ministre de l’Intérieur: Ahmed Friaa (RCD, reconduit)
6- Ministre des Affaires religieuses: Larbi Mizouri (indépendant)
7- Ministre du Développement régional et local: Ahmed Néjib Chebbi (Parti démocratique progressiste, PDP, opposition)
8- Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique: Ahmed Ibrahim (Ettajdid, opposition)
9- Ministre de la Santé publique: Mustapha Ben Jaafar (Forum démocratique du travail et des libertés, opposition)
10 – Ministre du Commerce et du Tourisme: Mohamed Jegham (ancien membre du RCD)
11 – Ministre de l’Education: Taieb Baccouch (indépendant, ancien syndicaliste)
12 – Ministre des Affaires sociales: Moncer Rouissi (indépendant)
13 – Ministre de l’Agriculture et de l’Environnement: Habib M’barek (RCD)
14 – Ministre de la Planification et de la Coopération internationale: Mohamed Nouri Jouini (RCD, reconduit)
15 – Ministre de l’Industrie et de la Technologie: Mohamed Afif Chelbi (indépendant, reconduit)
16 – Ministre auprès du Premier ministre chargé du développement administratif: Zouheir M’dhaffer (RCD, reconduit)
17 – Ministre des Finances: Ridha Chalghoum (RCD, reconduit)
18 – Ministre de la Culture: Mme Moufida Tlatli (indépendante, cinéaste)
19 – Ministre des Affaires de la Femme: Lilia Laabidi (indépendante, responsable associative)
20 – Ministre du Transport et de l’Equipement: Slaheddine Malouch (RCD, reconduit)
21 – Ministre de la Formation et de l’Emploi: Houssine Dimassi (syndicaliste)
22 – Ministre de la Jeunesse et des Sports: Mohamed Aloulou (indépendant)
23 – Ministre auprès du Premier ministre: Abdeljelil Bédoui, (indépendant, syndicaliste
24 – Secrétaire général du gouvernement: Abdelhakim Bouraoui (reconduit)