Monsieur le Président, nous n’avons pas voté pour ça

Monsieur le Président, nous n’avons pas voté pour ça

Dans un appel confié à Mediapart, trente-trois personnalités de la société civile ayant voté pour Emmanuel Macron en 2017 lui demandent le retrait de projets de lois qui font «reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation».

En 2017, nous avons voté pour vous. Certains dès le premier tour en adhérant à votre promesse d’une rupture libérale et progressiste avec des politiques autoritaires et conservatrices. Les autres au second tour pour faire barrage à la candidature d’une extrême-droite nationaliste, xénophobe et raciste.

C’est au nom de ces votes que nous vous interpelons, dans la diversité de nos sensibilités. Car, au prétexte d’une illusoire sécurité face aux désordres du monde, le gouvernement et la majorité qui agissent en votre nom sont en train de restreindre nos libertés fondamentales. Celles qui garantissent la vitalité de la démocratie française, permettant la libre expression des critiques, protestations et oppositions.

Les projets de lois dites « Sécurité globale » et « Séparatisme », devenue « Loi confortant les principes républicains », font en effet reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation. Toutes celles et tous ceux qui défendent ces droits le disent et s’en alarment, de la Commission consultative des droits de l’homme à la Défenseure des droits, sans oublier les organisations internationales.

Monsieur le Président, laisser faire cette atteinte à nos libertés et à nos droits, c’est installer ce dont l’extrême-droite néo-fasciste rêve : un État autoritaire où l’État de droit devient un État de police, criminalisant les mobilisations de la société et certaines revendications populaires. Si vous n’empêchez pas cette perdition, vous porterez la terrible responsabilité historique d’avoir fait la courte échelle aux idéologies mortifères contre lesquelles vous avez été élu ; et à votre tour, vous serez emporté et ne pourrez plus rien empêcher.

C’est pourquoi nous vous demandons avec force et gravité d’interrompre cette course à l’abîme en vous opposant à ces lois liberticides et à cette exacerbation des déchirures de notre société. Car elles abîment la République dont la promesse d’égalité des droits est indissociable de son exigence démocratique et sociale, inscrite dans notre Constitution.

Olivier Abel, philosophe

Régis Aubry, médecin, membre du Comité consultatif national d’éthique

Pascal Beauvais, juriste, membre de la CNCDH

Julien Bétaille, juriste

William Bourdon, avocat

Vincent Brengarth, avocat

Michel Broué, mathématicien

Dominique Cardon, sociologue

Paul Cassia, juriste

Patrick Chamoiseau, écrivain

Hélène Cixous, écrivaine

Constantin Costa-Gavras, cinéaste

Christophe Deltombe, avocat honoraire

Jacques Donzelot, sociologue

Geneviève Garrigos, ancienne présidente d’une ONG

Christine Lazerges, juriste, ancienne présidente de la CNCDH

Michel Lussault, géographe

Sébastien Mabille, avocat

Philippe Meirieu, pédagogue

Jean-Pierre Mignard, avocat

Ariane Mnouchkine, metteur en scène de théâtre

Olivier Mongin, écrivain

Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue

Raphaële Parizot, juriste

Joël Roman, philosophe

Olivier Roy, politologue

Valérie Sagant, magistrate

Jean-Louis Schlegel, éditeur

Lucile Schmid, haut-fonctionnaire

Didier Sicard, médecin, ancien président du Comité national d’éthique

Lilian Thuram, Président de la Fondation Éducation contre le racisme

Georges Vigarello, historien

Cédric Villani, député, médaille Fields

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