La CAITE a choisi d’organiser sa cinquième université d’été à Gabès consacrée à l’immigration « ses causes, ses conséquences et ses drames ». C’était aussi l’occasion de tisser des liens avec la société civile locale de Gabès et également de constater l’impact de l’industrie pétrochimique sur l’environnement et ses conséquences sur la vie de nos concitoyens du golfe de Gabès.
Gabès, victime d’un crime environnemental.
Nous avons commencé notre université d’été le 06 aout 2018 par une visite de Chott Essalem à proximités du complexe pétrochimique de Gabès, géré par le Groupe chimique tunisien (GCT), une société publique exploitant les mines de phosphate depuis 1970.
Nous étions accompagnés par Khaireddine Debaya de l’association « Stop Pollution Gabès ». Nous fûmes fort surpris par les dégâts considérables causés par l’industrie pétrochimique. Tous les jours, 14 000 tonnes de phosphogypse sont rejetés dans la mer. Le phosphogypse est un précipité solide issu du traitement industriel des minerais calciques fluorophosphaté. C’est un déchet radioactif, à l’origine de pollution environnementale et potentiellement cancérigène. En tant que déchet toxique, le phosphogypse ne devrait plus être rejeté en mer.
Nous avons été témoins de l’importante quantité de carcasses de différentes espèces marines qui s’étendent sur des centaines de mètres sur la plage, tuées par ces dégâts, à proximité des évacuations d’eau fortement chargées de déchets toxiques. La couleur noire du sable et de la mer, dont l’écume parfois jaunâtre, est sans doute la cause de l’extermination de ces espèces marines et la conséquence de l’industrie pétrochimique sur la ville de Gabès, menace indéniable contre la biodiversité marine.
Le lendemain de cette visite, encore sous le choc de ces dégâts, nous avons interpellé Monsieur le gouverneur Mongi Thameur lors de sa visite de courtoisie, à propos de la résolution de ce problème. Monsieur le gouverneur nous a en effet présenté le projet national de transférer complètement le complexe pétrochimique hors de Gabès, dans les six prochaines années. De nouveaux lieux sont étudiés pour un choix définitif, loin des habitants et sans eau au sous-sol et ayant une capacité de de stockage des phosphogypses sur une durée de 45 ans, dans l’attente de trouver un moyen de les recycler et éventuellement de leur trouver un autre usage. Quant à nos questions concernant les solutions immédiates pour limiter les dégâts au plus vite et la gravité du rejet de produits chimiques dans l’eau nécessitant des analyses de laboratoire indépendants et neutres, les réponses n’ont pas été convaincantes. La CAITE continuera de se mobiliser pour imposer une solution fiable et dans des délais raisonnables contre les crimes environnementaux à Gabès.
Immigration Tunisienne, « Ses causes, ses conséquences et ses drames »
Nous avons poursuivi nos travaux avec Madame Naima Hammami, secrétaire générale adjointe de l’UGTT chargée des relations internationales et de l’immigration. Elle a manifesté le soutien de l’UGTT à nos préoccupations, surtout quant à la lutte contre la pollution à Gabès et ailleurs. Elle nous a ensuite présenté les travaux de son département et notamment l’ouverture de 4 points focaux ouverts aux migrants en Tunisie. Saluant l’excellente relation entre l’UGTT et la CAITE, elle nous a invités à un séminaire qui aura lieu au mois d’octobre en Tunisie.
L’université d’été à continuer ses travaux : Causes et conséquences de l’immigration
Monsieur Romdhane Ben Amor de la FTDES nous a exposé les caractéristiques de l’immigration non gouvernementale. Il a rappelé les chiffres alarmants des disparus en mer, et le fait que le gouvernement ne fournit aucune information aux familles. De nombreux migrants se retrouvent en Italie sans aucune assistance ni ressources, dans des conditions difficiles et leurs familles les recherchent. La plupart d’entre eux font face à des expulsions musclées, dans des conditions inhumaines, en pleine nuit à l’aéroport d’Ennfidha, deux fois par semaine.
La CAITE ne peut rester insensibles à ces drames humains, nous rappelant tristement la cinquantaine de naufragés à Kerkennah du mois de juin dernier. Nous dénonçons les autorités tunisiennes et européennes qui laissent ces embarcations de la mort endeuiller de nombreuses familles.
Modèle de développement et environnement.
Intervention d’Abdeljabbar Rguigui président de la LTDH et secrétaire général adjoint du bureau régional de l’UGTT de Gabès qui a exposé sa conception pour un modèle respectueux de l’environnement et des critères de développement humain, dans la continuité, notre ami Khairi Debaya nous a présenté l’action du collectif « Stop pollution Gabès » pour éradiquer les causes néfastes et destructrices de la belle région du golfe de Gabès.
Identité culturelle de la deuxième génération et leur apport au développement de la Tunisie
Notre camarade Mohamed ben Henda président Association des Tunisiens et Tunisiennes Suisses (ATTS) nous a exposé les conditions dans lesquelles vivent la 2e et 3e génération des Tunisiens à l’étranger et a mis en valeur l’importance de la culture pour préserver leur identité.
Sa brillante contribution a succédé à celle du professeur linguiste à Palerme Hassan Slema qui a exposé l’importance de la culture, de l’histoire générale et celle de l’immigration comme partie intégrante de cette dernière, en affirmant les caractéristiques principales de l’ancienne et de la nouvelle génération.
Les projets culturels de cette immigration se résument au vide, des générations entières d’immigrés se sont retrouvées exclues de la culture de leurs parents. Ce vide a besoin d’être comblé.
Rencontre avec la société civile locale
La CAITE a reçu des représentants de la société civile locale qui ont exposé leurs engagements et leurs activités riches et diversifiées dans la région de Gabès : Abdeljabbar Rguigui « UGTT » Gabès ; Mariam Dridi, « Jeunes Citoyens Actifs » (JCA) ; Bechir Dhaoui, membre du bureau exécutif de la « LTDH Gabès », Khayreddine Debaya « Stop Pollution Gabès » ; Sawssen Nouisser, « Associatiation Chokri Belaïd pour la créativité et l’art » ; Kacem Mohamed, responsable du webjournal l’Icône et millitant associatif ; Nasri Bensalah, « Association Wled Bledi » ; Samah Sghaier, militant associatif et syndical (UGET) ; Habib Boutaieb, « Association de nos citoyens à l’étranger » Gabès.
Les associations membres de la CAITE ont également présenté leurs différentes actions et ont apprécié la richesse de la société civile de Gabès. Nous avons réitéré notre engament à développer notre coopération et nos échanges à travers une page facebook commune.
Décisions
1) Organiser la prochaine Université d’été de la CAITE dans le centre Rimel Bizerte la première semaine du mois d’août 2019, l’UGTT à travers Madame Naima Hammami s’est engagée à apporter son soutien.
2) Organiser un colloque ou une journée d’échange sur l’apprentissage de la langue arabe dès la primaire pour les enfants des Tunisiens résidant à l’étranger en Europe avec la participation d’experts, de l’UGTT et des autorités tunisiennes et européennes
3) Actualiser la liste des associations membres de la CAITE et appeler à la mise à jour des cotisations qui s’élèvent à 50 € par association.
Remerciements
La CAITE tient à remercier :
Monsieur le Mongi Thameur gouverneur de Gabes pour sa présence inaugurale
Madame Naïma Hammami, secrétaire général adjoint de l’UGTT pour sa présence et son aide.
Abeljabbar Rguigui, membre du bureau régional UGTT-Gabès pour sa patience et son aide continue du début à la fin, ainsi que Salah Ben Hamed, SG UGTT-Gabès pour sa présence.
Bouthayna Rouissi, directrice du complexe culturel de Gabès pour son soutien logistique et sa réactivité, elle nous a permis de concrétiser notre université d’été.
Le commissaire régional à la culture Monsieur Mohamed Dhagsni, pour ses invitations à la séance de clôture du festival de Gabès, malheureusement la pluie torrentielle a annulé le spectacle de Dorra Fourti.
Le directeur du festival de Gabès Lasaad Boukhchina.
L’administration et le personnel de la bibliothèque régionale de Gabès d’avoir accueilli l’université d’été dans des conditions idéales.
Présents à l’université d’été de la CAITE
Naïma Hammami (UGTT, Tunisie), Abdeljabbar Rguigui (UGTT-Gabès, Tunisie), Tarek Ben Hiba (FTCR, France), Mohamed Jaballah (UTIT, France)), Faycel Benabdallah (Younga Solidaire, France/Tunisie), Younes Rhouma (CITI, Italie), Mohamed Ben Henda (ATTS, Suisse), Abderrezak Lassoued (CVDT, Belgique), Inès Sanjurjo (CVDT, Belgique), Hedi Chenchabi (AIDDA – Collectif 3C – UTAC, France), Tarek Toukabri (ADTF, France), Hassan Slama (CITII, Italie), Rachid Chenchabi (Tunisien en Australie, Australie), Nasri Bensalah (Wled Bledi, Tunisie), Samah Sghaier (ASEF, Tunisie), Saber Brahim (Arabie Saoudite), Dhaher Bouzayene (FTCR, Tunisie), Khayreddine Debaya (Stop Pollution, Tunisie), Lasad Rehouma, Imen Hachaichi (ATSP-Gabès, Tunisie).
Paris 12 Aout 2018
Tarek Toukabri
Coordinateur de la CAITE