Une manifestation a eu lieu hier en fin d’après-midi devant le consulat d’Algérie à Tunis pour dénoncer le refus des autorités algériennes de laisser une centaine d’activistes passer la frontière pour participer au Forum social mondial (FSM), qui se déroule actuellement dans la capitale tunisienne.
Quatre jours après que les autorités algériennes ont interdit à 96 militants algériens de passer la frontière algéro-tunisienne pour participer au Forum social mondial (FSM) de Tunis, la mobilisation contre cette interdiction se poursuit et sa dénonciation s’internationalise. Une manifestation de soutien à ces militants interdits de voyage a assemblé hier, devant le consulat d’Algérie à Tunis, une quarantaine de personnes. Elle avait pour but d’interpeller l’opinion sur la gravité d’une telle décision, contraire aux principes de libre circulation des personnes et de liberté d’expression.
La manifestation a commencé vers 18 heures et a réuni une trentaine de militants algériens, membres de la Ligue algérienne de défense des droits de l’hommes (LADDH), du Syndicat national des personnels de l’administration publique (SNAPAP), du collectif Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA, France) ainsi qu’une dizaine d’activistes de la Caravane des sans papiers.
Les manifestants se sont rassemblés devant la porte fermée du consulat, où ils ont d’abord entonné des slogans sur la libre circulation des personnes, scandant, par exemple, « Pas de frontières au Maghreb, liberté de circuler », devant six policiers tunisiens qui ont laissé la manifestation se dérouler calmement. Plusieurs d’entre eux, tels que Saïd Boumama, président d’Algériens du Nord pour la démocratie et le changement (ANDC, France), et Sanhadja Akhrouf, du collectif ACDA, ont ensuite pris la parole pour dénoncer l’interdiction de passer la frontière signifiée aux militants algériens. Dans leurs discours, ils ont aussi dénoncé la répression des manifestations en Algérie, notamment dans le sud du pays.
FSM 2013 TUNISIE. Communiqué commun d’associations algériennes présentes au FSM :
« Des militantes et des militants algériens empêchés par le pouvoir de participer au Forum social mondial 2013 en Tunisie »
Des militantes et des militants algériens qui devaient participer au Forum social mondial de Tunis ont été bloqués à la frontière algéro-tunisienne. Ce n’est que leur détermination qui leur a permis de poursuivre leur route et de venir participer à notre Forum.
En effet, arrivée à la frontière, cette délégation, qui se composait essentiellement de militants syndicalistes, féministes, jeunes et des droits humains, a été retenue pendant cinq heures dans le poste frontalier algérien d’Oum Tboul, au motif que les bus les transportant n’avaient pas l’autorisation de quitter le territoire.
Le commissaire de police algérien, une fois arrivé sur les lieux, a décidé de laisser passer les deux bus, croyant que c’était une simple caravane touristique se rendant à Tunis. Quelques minutes plus tard, alors que les deux bus sont déjà au niveau du poste de contrôle tunisien, le même commissaire s’y est déplacé personnellement pour demander au responsable tunisien de bloquer leur passage, car, entre-temps, il avait appris le but de cette caravane en recevant des instructions des autorités algériennes de les refouler – « des ordres reçus d’en haut », se contenta-t-il de dire.
Mais c’était compter sans la volonté et la détermination de cette délégation – majoritairement constituée de femmes – de poursuivre son chemin vers Tunis.
Effectivement, les deux bus sont rentrés en Algérie, mais vides : après une assemblée improvisée dans le poste frontalier tunisien, les participant(e)s au Forum social mondial ont décidé de traverser et de continuer leur chemin vers Tunis. Chargés de bagages et armés de volonté, ces derniers ont pu obtenir l’autorisation d’accéder en Tunisie et ensuite de trouver un moyen de transport les conduisant à Tabarka, ville située à une trentaine de kilomètres de là, avant de poursuivre leur route.
En outre, une délégation du SNAPAP a connu la même épreuve au niveau du poste-frontière de Layoun, à Tébessa ; de même, Hacen Ferhati, membre de SOS Disparus, a été refoulé à deux reprises des frontières.
Encore une fois, le pouvoir algérien a démontré à quel point il est allergique à toute opposition démocratique, préférant envoyer une délégation-maison par avions pour représenter faussement les luttes sociales et démocratiques en Algérie.
Aussi, nous, associations algériennes présentes au FSM 2013 Tunisie, signataires de ce communiqué, tenons à dénoncer énergiquement ce genre de pratiques antidémocratiques, qui renseignent sur la nature du pouvoir algérien, et appelons à un rassemblement aujourd’hui devant l’ambassade d’Algérie à Tunis, à 18 heures.
Associations signataires
– Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA)
– Conseil des lycées d’Algérie (CLA)
– Ligue des arts cinématographiques et dramatiques (LACD)
– Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ)
– Tharwa Fathma N’Soumer
Avec le soutien de
– Algériens du Nord pour le changement et la démocratie (ANCD)
– Comité international de soutien aux syndicats autonomes algériens (CISA)
– Forum des associations des luttes démocratiques de l’immigration (FALDI)
– Manifeste des libertés
(Voir article sur le site Maghreb Emergent : cliquer ici)