Les arts de l’Islam

Une exposition dans le nouveau département au musée du Louvre depuis septembre 2012.

l’ADTF organise une sortie au musée du Louvre le dimanche 7 avril 2013, RDV a 11 h métro : Palais Royal-Musée du Louvre, ligne 1. Notre ami Kamel ETTABAI chercheur en histoire sera notre guide, soyer nombreux, entrée gratuite.
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1) Présentation d’un bref historique.

Les arts de l’Islam couvrent une période qui s’étend du 7ème siècle au 17ème siècle dans une ère géographique qui s’étale du Golfe du Bengale à la presqu’île Ibérique. Ils couvrent aussi l’ensemble de la civilisation arabo-musulmane aussi bien dans le religieux que dans le profane.

Tout au début de son expansion du 7ème siècle, l’Islam découvre dans les pays conquis des pratiques et des traditions artistiques. Celles des byzantins, celles de la Syrie et de l’Egypte hellénistiques et celles de la Perse Sassanide. Avec la rencontre de cette diversité, la naissance d’un art propre voit le jour. Il puise son originalité dans la foi en l’Islam. Depuis l’état UMAYYADE (661-750) les arts de l’Islam se manifestent dans de multiples domaines. D’abord dans le domaine de la calligraphie avec les inscriptions des versets coraniques sur différents supports et dans le domaine de l’enluminure pour décorer souvent de la première et la deuxième page du MUSHAF (livre du coran) ensuite dans le domaine de l’architecture par la construction des palais et des mosquées. De nos jours, des œuvres architecturales témoignent encore de la grandeur des réalisations.

Nous citons à titre d’exemple, la mosquée de Sidi Ukba à Kairouan 7ème siècle, la mosquée des UMAYYADE à Damas et celle de Cordoue 8ème siècle, la mosquée d’Al Azhar au Caire 10ème siècle, la grande mosquée d’Ispahan 11ème siècle, le palais d’Al Hambra à Grenade 13ème siècle, le mausolée de Timur-Lang à Samarkand 15ème siècle et le mausolée de Taj Mahal à Aghra 17ème siècle.

Enfin les arts islamiques se manifestent aussi dans le domaine des objets de l’équipement et de l’habillement. On trouve des versets coraniques inscrits sur des épées, sur des vases, sur des bijoux, et sur d’autres objets. Généralement ce sont les versets qui parlent du paradis ou ceux qui promettent une félicité éternelle aux croyants qu’on les trouve les plus souvent inscrits.

D’autres versets faisant l’éloge de dieu et de son prophète, on les trouve aussi brodés sur les KISWA, qui sont de grands tissus avec lesquels on couvre la KA’BA à la Mecque une fois tous les ans. Toujours ces mêmes versets on les trouve également brodés sur des capes et sur d’autres habits que portaient les sultans, les princes et les gens riches.

Depuis le début, les arts de l’islam ont été un témoignage d’une grande perfection de tous les aspects de la vie. Ils n’étaient pas seulement l’œuvre des musulmans, au début de l’état ABBASSIDE (750-1258) des juifs et des chrétiens participèrent à leur exécution. Ils trouveront encore un grand essor à l’époque de l’état SAFAWIDE en Iran (1502-1736) surtout avec l’école d’art d’Ispahan fondée par le grand Shah Abbas 1er en 1593. Ils finiront leur apogée d’abord avec les Ottomans (1290-1923) ensuite avec les Mongoles musulmans de l’Inde (1526-1858).

2) Les arts de l’Islam, une exposition à l’I.M.A.

Cette exposition, présente plus de 400 pièces, des coffrets, des manuscrits, des livres de coran, des tentures, des tapis, des épées, des céramiques, des verres, des métaux, des orfèvreries, des laques, des pierres précieuses et des brûle-parfums en bronze. Certaines de ces pièces datent du 7ème siècle. La plupart viennent de la collection privée de Mr N.D.KHALILI né en 1945 à Ispahan en Iran dans une famille juive de grands marchands d’art. C’est un collectionneur passionné qui a beaucoup contribué à la promotion de l’art Islamique depuis sa résidence à Londres. Il considère l’islam comme une très grande et une très vaste culture à laquelle l’humanité est profondément redevable.

L’exposition se divise en trois périodes de temps : « Foi, sagesse et destinée », « atelier de mécènes » et « univers de formes et de couleurs ». Ces trois périodes de temps sont présentées par thème et non pas par chronologie.

3) Les arts de l’Islam, un département au Louvre.

L’actuelle exposition permanente au Louvre, constitue, depuis septembre 2012, un nouveau département au grand musée national de France. Elle est installée sur deux niveaux à l’espace Visconti dans l’aile Denon et regroupe près de trois mille objets qui sont d’un raffinement extrême. Ces objets proviennent d’une ère géographique immense qui s’étale de la presqu’Ile Ibérique à l’Asie centrale et aux portes de l’Inde. C’est bien dans cette ère géographique, que la civilisation de l’Islam s’est épanouie pendant des siècles.
Les objets sont d’une grande diversité, des coffrets en ivoire et en métal, des tapis, des gobelets et des coupes en verre, des assiettes en porcelaine et en céramique, des épées et des poignards en métal argenté, des aiguières, des pièces de poids et de mesure, des jarres et de grands bols à anses, des socles de chandelles, des lampes de mosquée, des livres du Coran bien enluminés et des pièces de monnaie en or, appelées Dinars et frappées pour la première fois à la fin du septième siècle sous l’ordre du cinquième Calife UMAYYADE de Damas, Abdelmalek BEN MARWANE (685 – 705).

Tous ces objets exposés ont été utilisés pour la décoration, pour l’équipement ou pour les rangements, parmi les plus séduisants, la Baptistère de Saint Louis. C’est une bassine en cuivre, datant environ du 13ème siècle et appartenait à l’un des Mamelouks d’Egypte, emportée en France par le Roi Saint Louis après son emprisonnement à la fin de la bataille de Mansourah en 1250. Un autre chef-d’œuvre de cette exposition, la Pyxide d’Al Mughira, une petite merveille. C’est un petit coffret en ivoire avec un couvercle rond et bombé datant environ du 10ème siècle et appartenait à un prince de la dynastie Umayyade d’Al Andalus (Espagne). Probablement le dernier fils du 8ème Emire et le premier Calife Abderrahmane III (912 – 961).

A l’entrée de l’exposition, un grand tableau porte un texte et une carte géographique expliquant l’histoire de l’Islam, dès l’origine, c’est-à-dire la naissance de l’Islam en 610, la période du Prophète et ses 4 successeurs (632 – 661), la période du 1er Empire, les Umayyades (661 – 750) et l’apparition au milieu du 8ème siècle du second Empire, les Abbassides (750 – 1258). C’est bien à la fin de la période de ce premier Empire, que l’Islam a atteint ses limites les plus étendues. De Narbonne au-delà des Pyrénées jusqu’à Samarkand en Asie centrale et à la ville Multan aux portes de l’Inde.

D’autres tableaux présentés avec des textes et aussi avec des cartes géographiques, expliquent le morcellement de l’Empire Abbasside à la fin du 8ème siècle et les grandes étapes du façonnage des objets exposés, ainsi que la fonction de chaque objet aussi bien dans le civil que dans le religieux. Aussi une autre large exposition présente la manière de façonner la sculpture sur bois et sur métal dès l’an 900, des mosaïques provenant de la grande mosquée de Damas, construite à la fin du 7ème siècle et le début du 8ème, des fragments provenant aussi du cimetière d’Al Ahwaz, ancienne capitale de la région du Khuzistan (Iran), des stèles funéraires portant des écritures en diverses formes de la calligraphie arabe et des frises avec inscriptions coraniques.
La partie télévisuelle occupe une grande partie du 2ème niveau (le sous-sol) et présente sur des écrans de télévision des séquences sur la vie des grands savants et voyageurs de l’Islam, ainsi que les périodes des dynasties islamiques.

La partie finale de cette exposition de ce nouveau département retrace la division au temps moderne du monde musulman en 3 Empires. Ce fut, les Ottomans à l’Ouest (1451 – 1922), les Safawides ou les Séfévides au centre (1502 – 1736) et les grands Mogholes ou les Mongoles Timourides musulmans (1526 – 1858). Tous ces 3 Empires furent éliminés par l’apparition de la force coloniale occidentale et d’une manière définitive après la 1ère guerre mondiale. Les objets exposés dans cette partie se rapportent à cette période des 3 Empires, sont en métal, en bois et en céramique. Il y a des portes en grandeur nature à décors étoilés surplombées par des vitraux colorés, des carreaux en faïence d’art décoratif, des Moucharabiehs d’Egypte datant du 17ème siècle et du 18ème, un globe céleste en bronze datant de l’an 1144 et signé par le savant Yunes Ben Husayn AL ASTORLABI et surtout des armes (sabres et poignards), des armures et des boucliers. Les sabres et les poignards sont accompagnés par des textes explicatifs et ont probablement été utilisés par les Ottomans lors de la bataille de Lepente en 1571 contre une coalition européenne, la Sainte Ligue chrétienne.

TEBAI Mohamed-Kamel

Chercheur en Histoire – Animateur culturel

Paris / Montreuil. Novembre 2009 et Septembre 2012

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