TUNISIE: HALTE A LA RÉPRESSION DES MILITANTS DE l’UGET

Communiqué

HALTE A LA RÉPRESSION DES MILITANTS DE L’UNION GÉNÉRALE DES ÉTUDIANTS DE TUNISIE (UGET)

Procès en appel : audience du 10 avril renvoyée au 17 avril 2010

Dans le cadre de l’intérêt particulier qu’il accorde à la cause de la jeunesse étudiante militante, le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), en association avec : le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH), et la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), a donné mandat à Maître Houcine BARDI (Avocat au Barreau de Paris), pour accomplir une mission d’observation judiciaire, dans le cadre du procès en appel intenté contre les 20 militants de l’Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET) dans les affaires N° 6920 ; 6921 ; 6922, qui a eu lieu le samedi 10 avril 2010 devant la Cour d’Appel de Tunis.

Les faits se trouvant à l’origine de cette affaire remontent au mois d’octobre 2009, lorsque 180 étudiantes, inscrites dans des universités de la capitale, et venant pour la plupart des villes du sud de la Tunisie, avaient été « déboutées » de leur demande de logements dans les résidences universitaires. S’étant retrouvées sans abri et dans une précarité extrême, les empêchant de suivre dans des conditions normales (et dignes) leurs cours, les étudiantes (se disant victimes de discriminations injustifiées, et de népotisme…), soutenues par l’Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET — syndicats étudiant reconnu par le pouvoir tunisien), avaient décidé de mener une action collective afin d’attirer l’attention des autorités sur leur cas. Un sit-in a, alors, été organisé dans une résidence universitaire de la banlieue tunisienne (AL BASSATINE à la MANNOUBA), qui a duré presque trois semaines. Le 1er novembre 2009, la police est intervenue brutalement pour mettre fin à cette action et interpellé un grand nombre de d’étudiant(e)s, à qui il sera, ultérieurement, reproché quatre principaux chefs d’inculpation :

L’entrave à la liberté de travail

Le vol simple

Le tapage

La dégradation du bien d’autrui

Lors d’un procès chaotique et inéquitable en première instance (notamment l’audience du 14 décembre 2009 au cours de laquelle les étudiants, voire même certains avocats, avaient été violentés par les forces de police…), les étudiant(e)s s’étaient vus infliger —le 21 décembre 2009— des peines extrêmement lourdes allant de un an à trois ans d’emprisonnement (avec mandats de dépôts pour 11 d’entre eux).

Après plusieurs mois d’attente d’une fixation de date d’audience, la Cour d’appel de Tunis avait « daigné » retenir le samedi 10 avril 2010 pour examiner le double appel interjeté et par les « prévenus » et par le ministère public. C’est donc les 20 étudiants, y compris ceux qui avaient bénéficié d’un non-lieu en première instance, qui ont dû comparaître devant leurs seconds juges.

Il s’agissait d’une audience de renvoi au cours de laquelle les avocats de la défense avaient sollicité le report et la remise en liberté conditionnelle des étudiants placés en détention « préventive ». La cour a rejeté (ce n’était que fort prévisible !) cette seconde demande, et renvoyé l’affaire pour être plaidée le samedi 17 avril 2010.

Force est de constater que, comme à chaque procès politique ou d’opinion, la cour d’appel s’était quasiment transformée en une « caserne », tant la présence policière était forte et ostensible.

Le recours à la brutalité policière (devenu malheureusement coutumier…) pour disperser le rassemblement pacifique improvisé par les étudiants interdits d’accès à la cour, avec son cortège habituel de blessés (deux étudiants avaient été transportés à l’hôpital), révèle une fois de plus l’intransigeance maladive et l’intolérance autoritaire des autorités qui, tout en déclarant officiellement l’année 2010 « ANNÉE DE LA JEUNESSE », n’hésitent pas à réprimer, de la manière la plus cruelle, une partie de cette même jeunesse qui ose crier sa détresse et revendiquer ses droits les plus légitimes.

La violence illégitime à la fois policière et symbolique dont se trouvent être victimes les étudiants de l’UGET, trahit une sorte de « schizophrénie » patente du régime tunisien qui place, d’un coté, la jeunesse « bien rangée » sur un piédestal, et, d’un autre côté, la jeunesse contestataire, « non-conformiste », (et non-conforme à la « bienpensance » RCDiste) en dessous terre dans les geôles !

Le CRLDHT exprime aux étudiants de l’UGET son entier soutien à leurs revendications légitimes concernant :

Le droit au logement pour les étudiant(e)s notamment défavorisé(e)s

Le droit à l’étude dans des conditions dignes

Le droit syndical et la liberté de réunion et d’expression

Il condamne la répression, à la fois policière et politico-judiciaire, dont ils sont victimes ;

Il dénonce, une fois de plus, l’instrumentalisation de la justice « servile » (par le pouvoir) dans le règlement des conflits politiques, syndicaux et sociaux ;

Exige des autorités la libération immédiate des étudiants emprisonnés et leur indemnisation pour les graves préjudices physiques et moraux subis à raison de la détention arbitraire et du traitement inhumain et dégradant dont ils sont victimes ;

Exige des autorités le relogement des étudiantes jetées dans la rue pour « défaut de chambres » dans les foyers universitaires, et l’indemnisation intégrale du préjudice qu’elles ont subi.

Invite toutes les organisations (nationales et internationales) de défense des droits de l’homme à exprimer leurs soutiens aux étudiants tunisiens (de l’UGET) victimes de la répression autoritariste du régime en place ;

Paris le 15 avril 2010.

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