Radhia Nasraoui: L’agression subie par mon mari a aggravé son état de santé

Communiqué

Il y a exactement un an, mon mari Hamma Hammami, directeur du journal «Al Badil» et porte parole du Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie, a été contraint à recourir à la clandestinité. En effet, le 12 octobre 2009, une vingtaine d’agents de la sécurité d’Etat et de la brigade criminelle se sont présentés à notre domicile à El Manar, ont terrorisé ma fille Sarra (10 ans) qu’ils ont voulu obliger à ouvrir la porte alors qu’elle était seule à la maison. Ils ont ensuite encerclé le quartier pendant une longue période.

Hamma Hammami avait été auparavant agressé et de la manière la plus sauvage, le 29 septembre2009, à l’aéroport de Tunis Carthage, suite aux interviews qu’il avait accordées à «Al Jazeera» et à «France 24» à Paris. Par la suite, non seulement sa plainte n’a pas été enregistrée, pratique courante en Tunisie, mais c’est lui qui a été convoqué par la brigade criminelle le 10 octobre 2009 et empêché de partir à Paris où il devait participer à un débat sur les élections présidentielles et législatives. Le Ministre de la Justice a déclaré au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue quelques jours plus tard, que si Hamma Hammami a été interdit de voyager, «c’est en raison d’une plainte déposée contre lui et contre son épouse par un citoyen qu’il ont agressé»!!!

L’agression subie par mon mari a aggravé son état de santé et il a du subir, alors qu’il vit dans la clandestinité, une opération chirurgicale.

L’acharnement du pouvoir contre Hamma Hammami ne date pas d’aujourd’hui. Depuis l’arrivée de Ben Ali au pouvoir, mon mari a été, maintes fois, traduit en justice, condamné suite à des procès inéquitables, à de longues années de prison pour des délits d’opinion ou parfois pour des délits de droit commun, dans le but de le discréditer. Il a souvent purgé ses peines au pavillon des condamnés à mort et subi tortures, mauvais traitements, agressions. Jamais il n’a eu la chance de voir ses plaintes donner lieu à enquête.

Hamma Hammami n’a jamais eu le droit, en tant qu’opposant, d’avoir des activités politiques au grand jour. Son Parti, le PCOT, n’est pas reconnu. Son journal «Al Badil» est suspendu depuis 1991 et ne paraît actuellement qu’en ligne. Ses ouvrages sur la laïcité, les droits des femmes, les courants obscurantistes… ont été saisis et passés au pilon!

Hamma Hammami a été et est toujours privé de ses droits les plus élémentaires (droit au travail, droit à la libre circulation et même le droit de vivre sous le même toit avec sa femme et ses enfants.

J’appelle les organisations de défense des droits de l’Homme, les partis politiques et toutes les personnes concernées par les libertés à exprimer leur solidarité avec mon mari Hamma Hammami pour que cesse enfin le calvaire que vit notre famille.

Fait à Tunis le 12 octobre 2010

Radhia Nasraoui

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