La Coordination des Assises de l’Immigration Tunisienne (CAIT)
Déclaration de MILAN
1er février 2014
Dans le nouveau contexte politique tunisien, nous, membres de la Coordination des Assises de l’Immigration Tunisienne (CAIT), représentants des Associations de tunisiens et des participants d’Italie, de France et de Suisse rassemblés à Milan, nous nous réjouissons de l’adoption d’une nouvelle Constitution et des avancées qu’elle apporte en matière de droits individuels et collectifs. Cependant, nous aurions souhaité y figurer avec une place plus affirmée en tant qu’immigrés et tunisiens vivant à l’étranger et contribuant à la construction d’une nouvelle Tunisie et que la constitution reconnaisse de façon plus explicite et moins discriminante les porteurs d’une double nationalité.
Nous avons aussi constaté que le dernier gouvernement tunisien, comme le précédent d’ailleurs, a préféré nous écarter volontairement du débat et des consultations afin de minimiser le rôle que nous sommes capables de jouer dans le cadre de l’organisation des affaires de l’immigration tunisienne et de la participation au développement sur la plan économique, culturel, social et citoyen. L’objectif du Secrétariat d’Etat à l’immigration était visiblement de passer en force en faisant fi de nos compétences, de nos expériences, de nos apports et de nos connaissances des dossiers en question.
Après le cahier de doléances adopté au lendemain des Assises de mai 2011 et les différentes actions et démarches entreprises en 2012 et 2013, force est de constater que nos revendications en matière de révision des accords bilatéraux, de mesures avantageuses et pérennes pour les tunisiens vivants à l’étranger en matière de transports aérien et ferroviaire, de mise à disposition des locaux appartenant à l’Etat tunisien, de mise en place d’une instance consultative autonome et représentative sont toujours d’actualité. Plus que jamais, nous souhaitons que ce dossier de l’immigration soit traité de manière cohérente, participative et loin des attitudes partisanes et de la politique du fait accompli et qu’il soit mis fin aux initiatives peu transparentes et unilatérales du Secrétariat d’Etat au sujet du futur Haut Conseil de l’immigration et des tunisiens à l’étranger et celles du gouvernement en matière de nominations partisanes dans les consulats et les ambassades.
Nous tournons la page d’une gouvernance désastreuse de ce dossier en espérant que la nouvelle équipe gouvernementale (que nous souhaitons rencontrer rapidement) sera porteuse d’un nouvel esprit en matière de dialogue et qu’elle se démarque des pratiques du gouvernement sortant sur les questions relatives aux migrations, au traitement de la question des disparus en mer et des tunisiens sans papiers, à la neutralité de l’administration consulaire et à la concertation avec les associations de l’immigration.
Nous confirmons notre attachement à la Coordination des Assises de l’Immigration Tunisienne (CAIT) mise en place en juin 2013 et affirmons qu’elle n’a pas pour vocation de remplacer les associations membres ou de parler à leur place. Son objectif principal est de coordonner leurs démarches afin d’améliorer leurs visibilités pour une meilleure prise en compte de leurs revendications et la réalisation des aspirations communes.
Nous appelons à l’organisation des deuxièmes Assises des associations de l’immigration tunisienne et des tunisiens à l’étranger, en vue de l’édification d’un pôle associatif démocratique et de progrès. Ces assises dont la préparation, le déroulement et le contenu seront définis par un comité de pilotage ouvert auront lieu en août 2014 en Tunisie. Les prochaines réunions de la CAIT à Genève en mars /avril et à Paris en juin 2014 permettront de préciser le contenu de ces assises et des conditions de leur déroulement.
En matière d’élections, nous travaillons pour une participation active de l’immigration tunisienne aux prochaines échéances électorales et nous souhaitons rencontrer rapidement la nouvelle équipe de l’ISIE pour un échange sur la cohérence, la transparence, la fiabilité et l’indépendance qui doivent caractériser les futures instances à mettre en place à l’étranger et l’ensemble du processus électoral : participation de la société civile, inscriptions, financement et déroulement des campagnes électorales, tenue des bureaux de vote, moyens octroyés etc.
Nous vivons aujourd’hui une certaine alternance du pouvoir et ça ne peut être que salutaire pour notre pays. La Tunisie appartient à tous ses ressortissants de l’intérieur et de l’extérieur, les combats pour nos droits ici et là-bas se poursuivront quelque soit le gouvernement en place.
Nous continuerons à agir avec tous les acteurs de la société civile en Tunisie et à l’étranger qui partagent nos aspirations et appuient nos revendications et nos combats pour la reconnaissance des associations autonomes et démocratiques de l’immigration et pour que notre citoyenneté soit égale à celle de nos compatriotes dans tous les domaines.