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09/10/12 |
Les altermondialistes maghrébins, réunis ce week-end à Oujda, ont appelé vivement à un autre Maghreb, épris de valeurs démocratiques, de justice sociale et de liberté. Lors de cette deuxième édition du Forum social maghrébin, plus de 400 personnes ont mis l’accent sur le coût politique, économique, culturel, social et même psychologique du non-Maghreb.
Une énorme perte pour les peuples de la région qui demeurent la partie lésée dans cette situation de désunion, souligne la déclaration d’Oujda, à laquelle ont adhéré des migrants de tous bords, des associations de la société civile maghrébine, des syndicats et des organisations de solidarité internationale, entre autres.
L’aspiration populaire à un espace géo-politique démocratique, de justice sociale, de liberté favorisant les échanges entre les peuples, ouvert et accueillant vis-à-vis des migrants, est confrontée à un manque de volonté politique et à une accélération de la dépendance au marché mondial aux dépens d’une intégration et d’un développement régional. « Ce choix est incapable d’insuffler une dynamique maghrébine unitaire à la hauteur des enjeux globaux régionaux et internationaux et des aspirations des peuples de la région », lit-on dans la déclaration d’Oujda.
La construction d’un Maghreb des peuples riche de sa diversité culturelle, linguistique et sociale nécessite une vision globale d’avenir attachée à un espace sans frontières intra-pays du Maghreb, démocratique et respectueux des droits humains, basé sur quelques principes fondateurs notamment l’ouverture des frontières permettant la libre circulation et l’installation aussi bien des nationaux que des migrants vivants sur le sol maghrébin.
Dans ce cadre, les altermondialistes maghrébins ont souligné que le traitement sécuritaire de la question migratoire est dans l’impasse. Les pays du Maghreb ont été appelés, à cet effet, à adopter une autre politique migratoire, à même de garantir la dignité du migrant, en tant qu’être humain d’abord. Ainsi, les altermondialistes maghrébins ont fait le procès des politiques sécuritaires stigmatisant les migrants vivant sur le sol maghrébin, au mépris de l’histoire qui lie les peuples du Nord de l’Afrique à ceux de l’Afrique subsaharienne, au mépris des intérêts mutuels de développement et d’enrichissement culturel et civilisationnel.
«Nos gouvernants rivalisent dans la mise en application des politiques et directives européennes érigeant un mur entre les deux rives de la Méditerranée, responsables de milliers de morts et de disparus, transformant la Méditerranée en un vaste cimetière », lit-on dans la déclaration d’Oujda.
Et de rappeler, son sans condamnation, les vagues d’arrestations, de refoulements, de traitements dégradants des migrants(es) subsahariens et la criminalisation de leur présence, ce qui constitue l’une des atteintes graves aux droits humains les plus élémentaires.
Les participants à cette rencontre ont souligné que le Maghreb, de tradition migratoire ancienne, est devenu un territoire aussi bien d’immigration que d’émigration. La présence des migrants subsahariens et d’autres pays, selon eux, est une chance pour le développement des deux espaces africains. L’avenir de l’Afrique du Nord et de l’Afrique subsaharienne passe par l’ouverture sur l’Autre et par les échanges humains, source d’enrichissement mutuel.
Recommandations
– Régularisation des sans-papiers souhaitant s’installer et vivre dans les pays maghrébins;
– Rejet de la politique européenne sécuritaire érigeant des murs au lieu de construire des ponts entre les deux rives de la Méditerranée;
– Fermeture de tous les lieux d’enfermement des immigrés et dépénalisation de la situation des sans-papiers ;
– Bannissement de toutes les formes de violence à l’égard des femmes migrantes;
– Rejet des discriminations et du racisme.
Mardi 9 Octobre 2012
Mustapha Elouizi
http://www.e-joussour.net/node/11808
http://www.libe.ma/Reunis-a-Oujda-ils-ont-plaide-pour-un-autre-Maghreb-L…