«Enfants de l’immigration, une chance pour l’école»?

«Enfants de l’immigration, une chance pour l’école»?

09 Mars 2012 Par claude lelièvre

«Les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants immigrés», avait balancé le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, le 26 mai 2011. Un «diagnostic»’ clairement démenti et retourné par Marie-Rose Moro dans ce livre en forme de grand entretien.

On le sait, les statistiques de l’INSEE, en désaccord formel avec l’affirmation de Claude Guéant, évaluent à 16% la part des enfants d’étrangers parmi les élèves sortis du système éducatif sans diplômes et/ou qualification.

Certes, l’échec scolaire est bien sur-représenté parmi eux. Mais Marie-Rose Moro soutient dans ce livre au titre renversant ( « Enfants de l’immigration, une chance pour l’école » qui vient de paraître aux éditions Bayard ) que cette situation est le résultat – au moins pour une part – des occasions manquées par l’école de convertir les différences culturelles en atout.

Fille d’immigrés espagnols devenue professeure à l’Université Paris Descartes et directrice de la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin à Paris, Marie-Rose Moro reçoit en consultation de nombreux enfants de migrants en proie à l’échec scolaire et intervient régulièrement auprès des personnels de l’Education nationale dans le cadre de formations à la diversité. Elle a écrit de nombreux ouvrages consacrés principalement à la psychiatrie transculturelle.

Dans cette période électorale marquée par des déclarations visant à cliver la société, Marie-Rose Moro a voulu montrer ( en collaboration avec Joanna Peiron, journaliste spécialisée en sciences humaines, et Denis Peiron, en charge de l’éducation au quotidien « La Croix » ) comment l’école pourrait offrir davantage de chances de réussite aux enfants de migrants. Elle a aussi et surtout voulu mettre en valeur que leur présence dans les classes pourrait bénéficier davantage à tous les élèves, qu’il s’agisse de l’apprentissage linguistique ou du développement de compétences interculturelles, manifestement souhaitables dans notre monde contemporain.

Extraits de l’Introduction :

« Rares sont les dispositifs qui s’adressent spécifiquement aux enfants de migrants, à l’exception des classes d’accueil destinées aux primo-arrivants. Çà et là émergent des projets à la seule initiative d’enseignants motivés. Mais l’école, attachée au principe d’une égalité qui trop souvent demeure abstraite, ne développe aucune approche coordonnée. Pire : tout en étant animée par les meilleures intentions du monde, elle s’enferme dans des idées reçues. Les enfants de migrants feraient baisser le niveau des classes. Ils seraient source de violence au sein des établissements. Ils devraient renoncer à la langue de leurs parents pour maîtriser le français et occulter leur histoire pour s’investir dans les apprentissages […]

Or, assumée et valorisée, la diversité constitue un atout. Sensibilisés à la différence culturelle dans le cadre d’une vraie formation humaniste, les professeurs seraient mieux à même d’enseigner à tous les élèves présentant des besoins spécifiques, qu’ils soient liés à un handicap, au statut social ou encore à la situation familiale. Pour peu que le bilinguisme soit encouragé et que l’attachement au pays d’origine cesse d’être interprété comme un manque de loyauté, les enfants de migrants pourraient montrer la voie à leurs camarades et les aider à développer des compétences linguistiques et interculturelles indispensables – y compris d’un point de vue professionnel – dans un monde qui est et sera de plus en plus ouvert ».

On voudrait y croire, en ce temps de campagne présidentielle où certains font feu de tout bois pour instaurer un climat déstabilisant, délétère voire ‘’crépusculaire’’.

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D’où l’importance et l’urgence d’une politique maghrébine commune visant à soutenir le développement sinon le rétablissement de l’offre de la langue arabe en tant que langue vivante au sein des collèges et lycées de France (et pour que cesse cette perception fallacieuse de la langue arabe comme une “langue rare” voire “langue sinistrée”)

Kamel Barkaoui

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