La ville de Sidi Bouzid en Tunisie vit, depuis vendredi 17 décembre, une situation d’une extrême violence. Des affrontements continus s’y déroulent et opposent des centaines de jeunes à d’importantes forces de police et de gendarmerie acheminées dans la ville depuis vendredi 17 décembre 2010.
Les violences ont été provoquées par la répression policière d’une marche pacifique, emmenée par les jeunes connus sous l’appellation de jeunes chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur, qui entendaient dénoncer l’attitude des autorités envers le jeune Mohamed BOUAZIZI.
Ce natif de Sidi Bouzid , vendeur ambulant de fruits et légumes, avait tenté, vendredi matin, de mettre fin à sa vie en s’immolant par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. Cet acte de désespoir était le seul moyen dont disposait Mohamed BOUAZIZI pour protester contre le harcèlement dont il faisait l’objet de la part de la police municipale qui, sans cesse le pourchassait et lui confisquait sa marchandise et ses outils de travail.
Pour faire face et réprimer cette révolte spontanée, des milliers de policiers ont été acheminés à Sidi Bouzid. La ville qui vit quasiment sous l’état de siège et où des dizaines d’arrestations ont été opérées dans les rangs des jeunes souvent mineurs, déscolarisés et sans emploi.
Des observateurs locaux et des membres de la population ont diffusé des vidéos montrant des affrontements qui se poursuivent depuis samedi 18 décembre 2010 entre les forces de police et les jeunes.
Les manifestants criaient des slogans hostiles aux responsables locaux du Pouvoir et du Parti RCD en dénonçant leurs pratiques de corruption, de népotisme et d’arbitraire. Ils demandaient au gouvernement tunisien de mettre fin à l’ostracisme et aux politiques d’exclusion dont souffrent la région et la population de Sidi Bouzid comme d’ailleurs toutes les régions et les populations de l’intérieur tunisien, défavorisées et maintenues à l’écart du destin national.
Outre la libération des prisonniers et que justice soit rendue à Mohamed Bouazizi, en destituant et en punissant les responsables de son calvaire et ce à quelques niveaux qu’ils se trouvent, les manifestants réclament un plan urgent pour l’emploi des jeunes et les sans travail de Sidi Bouzid ainsi qu’un programme de développement économique de cette région sinistrée et défavorisée dans tous les domaines comme l’a d’ailleurs révélé le récent audit économique et social conduit par l’UGTT et rendu public au mois d’aout 2010 par la centrale syndicale.
Un comité composé de syndicalistes , de responsables locaux de l’UGTT et des militants politiques ou appartenant à la société civile se trouvent depuis le début des événement au centre de l’action en vu de favoriser le dialogue, réfléchir et trouver des réponses aux attentes et aux aspirations de la jeunesse de Sidi Bouzid, parce que cette dernière, frustrée et accablée par son état, se montre aujourd’hui déterminée à ce que ses revendications et ses demandes soient prises en compte par un gouvernement tunisien qu’elle juge comme lointain, injuste dans sa politique et indifférent au sort des classes populaires et des région défavorisées.
L’ATF Paris exprime l’émotion de ses membres et militants devant les souffrances du jeune Mohamed BOUAZIZI et assure sa famille de notre soutien.
Elle exprime sa sympathie et sa solidarité avec le mouvement de la jeunesse et la population de Sidi Bouzid pour l’égalité, l’accès à une pleine et entière citoyenneté, à la justice sociale et contre l’exclusion et l’ostracisme.
Elle demande la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées lors des évènements de Sidi Bouzid
L’ATF Paris apporte son soutien à l’action des syndicalistes, des militants des droits de l’homme et des acteurs locaux à Sidi Bouzid qui œuvrent pour construire des réponses aux attentes et aux aspirations des jeunes et militent pour leur apporter une autre alternative que celle du désespoir ou la violence.
ATF PARIS
Paris, le 18 décembre 2010
Ci dessous l’article des « Observateurs » et une vidéo sur Nawaat.org