Depuis quelques semaines, les sites Internet sont bloqués les uns après les autres : d’abord des blogs, puis des sites d’actualité, des médias nationaux et étrangers, et enfin des plateformes de partage de photos ou de vidéos ont été censurés en Tunisie.
La censure n’est pas un phénomène nouveau dans notre pays, mais cette fois-ci, cette vague de fermeture de sites, de blogs (presque 200 en 15jours) a suscité la colère des jeunes et des moins jeunes. Alors que You Tube et Daily motion étaient déjà bloqués en Tunisie depuis plus de deux ans, Blip.tv, Metacafe et Vidoemo ont toutes trois été bannies au cours de la même semaine. Wat.tv a rapidement suivi, des plateformes vidéo le site de partage de photos Flickr et plusieurs sites d’information français tels que ReadWriteWeb, Le Nouvel Observateur, Rue89, 20 minutes… Pour quelques autres médias, dont le Monde, les articles traitant de la politique ou de la liberté d’expression en Tunisie sont rendus inaccessibles. Cette censure opérée d’une manière insidieuse et sélective, est à l’image du système virtuellement démocratique : facebook n’est pas interdit mais certains profils de militants sont rendus inaccessibles depuis la Tunisie, l’accès à internet est officiellement une priorité du gouvernement mais la censure fonctionne à plein régime et frappe des sites et blogs au grès des circonstances.
Les tunisiens ont surnommé le censeur d’Internet de « Ammar les ciseaux » ou « Ammar 404 » en référence aux erreurs « 404 non found » qui ornent les pages des sites disparus.
Face à cette systématisation de la censure une protestation pacifique a commencé à s’organiser chez les internautes révoltés et les défenseurs de la liberté d’expression. L’opération a un nom de code, « Sayeb Salah » (lâche-moi), et un slogan, « Free404 ».
Cette censure nous concerne aussi en France car elle rompt certains liens et porte atteinte aux échanges que nous avons avec nos familles, nos amis et la société civile en Tunisie dans son ensemble.
Nous tunisiens résidant en France et signataires de cet appel, sommes solidaires de cette protestation :
– Demandons l’arrêt immédiat et définitif de la censure sur Internet et la réouverture de tous les sites censurés.
– Condamnons cette pratique contraire à la constitution Tunisienne et infantilisante de la population par laquelle l’ATI se substitue aux citoyens pour décider de ce qui leur convient.
– Exigeons des autorités tunisiennes le respect du droit de tous les citoyens à choisir librement leurs médias et les moyens d’accès à l’information
– Rappelons que la liberté d’expression est l’un des droits fondamentaux non négociables que garantissent la constitution et les conventions internationales signées par la Tunisie.
– Appelons toutes les tunisiennes et tous les tunisiens à se mobiliser pour dénoncer la censure en Tunisie et exiger le respect de la liberté d’expression et d’information.
Le Samedi 22 mai 2010 à 15h00
Rassemblement Consulat Général de Tunisie
croisement de la rue Lubeck et de la rue Hamelin
Métro : Iéna
Premiers signataires :
Moez ben Ali (médecin), Nadia Chaabane (enseignante), Rania Majdoub (étudiante), Mohamed Smida (juriste), Gharbi Bechir (retraité), Fathia Chaari, Adel Thabet, Khaled Falah, Tarek Ben Hiba (fonctionnaire), Mohamed-Lakhdar Ellala, Lumumba el Mohsni, Mohamed Bhar (artiste), Nadia Elfani (cinéaste), Raja Chamekh, Mohieddine Cherbib, Hamida Khaled (médecin), Rabeh Arfaoui, Slim Benhassen (étudiant), Ayed Ahram (enseignant), Oumaya Seddik, Ramzi Ouesleti, Nourreddine Najjar, Kamel Jandoubi, Karim Mejri (ingénieur), Adnene Ben Youssef, Iyed Dahmani…
Soutenu par :
Association des tunisiens en France(ATF), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Association Arts&Cultures des deux Rives (ACDR) Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), Association des marocains en France(AMF), Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF), Association de défense des droits de l’homme au Maroc (ASDOHM), Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie) , Parti Ouvrier communiste Tunisien (POCT), Ettajdid-France,