Les mouvements social et syndical en France et en Europe placent ce premier mai 2010, journée internationale des travailleurs, sous le signe des effets de « la crise » et des luttes en cours pour la préservation des acquis sociaux, de l’emploi stable et du pouvoir d’achat. Les associations et organisations politiques de l’immigration tunisienne signataires sont partie prenante de ces luttes et solidaires des revendications qu’elles portent.
En Europe – Les migrantes et les migrants sont touchés de plein fouet par la précarisation et la dégradation des conditions de vie que déterminent les politiques économiques néo-libérales en œuvre. Ils sont de surcroit les premières victimes de la répression sécuritaire et des politiques de contrôle et de gestion de l’immigration injustes qui en sont inséparables.
C’est à un alliage inséparable entre politiques économiques anti-populaires et politiques sécuritaires que les migrants doivent faire face au premier chef. Le ciment de cet alliage, ce qui le renforce et le légitime, se sont les discours et les pratiques aux relents racistes, xénophobes et néo-colonialistes à nouveau banalisés et institutionnalisés.
Cette double oppression se dissémine par ailleurs dans l’ensemble de la société sous des formes moins brutales à travers la répression des mouvements sociaux et la criminalisation de la pauvreté.
En Tunisie, notre pays d’origine, la situation continue d’être bloquée par la main mise d’un pouvoir antidémocratique et prédateur. Celui-ci perdure grâce à la répression violente de toute revendication sociale ou politique et de tout mouvement populaire ainsi qu’au soutien sans faille des gouvernements européens et états-unien. La politique économique et sociale qu’il met en œuvre se caractérise par la privatisation effrénée des ressources nationales au profit des cercles qui lui sont liés et des capitaux étrangers, par une politique d’investissement à but essentiellement spéculatif et par une généralisation de la corruption. Cela engendre un niveau de chômage alarmant, une aggravation des inégalités sociales et entre les régions, et une baisse sensible du niveau de vie de larges secteurs de la société. Ces derniers –les jeunes en particulier– chômeurs, étudiants ou travailleurs pauvres, se retrouvent devant le choix entre la révolte au risque d’une répression féroce, la soumission à des conditions de vie insupportables, ou l’émigration dans des conditions périlleuses et dégradantes.
Dans le monde – La liaison intime entre dépossession des ressources et des conditions d’une vie digne d’une part et répression violente de l’autre se manifeste de la manière la plus meurtrière et barbare dans les occupations et les guerres coloniales anciennes et renouvelées que mènent ou soutiennent les grandes puissances. L’occupation et la colonisation de la Palestine, centrale du point de vue de notre rapport au monde, en est emblématique, de même que la destruction et l’occupation de l’Irak. Nous pouvons encore citer l’invasion de l’Afghanistan, les interventions en Colombie, au Honduras ou au Venezuela, le dépeçage de nombre de pays d’Afrique, etc.
Ces guerres contre les peuples et ces occupations sont une condition principale de la perpétuation de l’ordre injuste et inégalitaire qui nous empêche de vivre dignement » chez soi » , de nous déplacer librement, de vivre ensemble et de coopérer de manière conviviale et juste.
Nous, associations et organisations de l’immigration tunisienne, sommes de manière inséparable solidaires des luttes sociales, des combats démocratiques et des résistances anticoloniales. C’est pourquoi nous plaçons ce premier mai sous le signe de Ferhat Hached, leader syndicaliste et de la lutte de libération nationale tunisien assassiné par l’organisation de barbouzes colonialistes » La Main Rouge » en 1952. Il symbolise pour nous le lien entre lutte sociale, démocratique et anticoloniale.
Paris, le 1er mai 2010
SIGNATAIRES :
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des Tunisiens en France – Paris (ATF-Paris), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Union des Travailleurs Immigrés Tunisien – Ile de France (UTIT-IDF), Comité de Soutien aux Militants de l’UGET, Mouvement Ettajdid – France, Parti Démocrate Progressiste (PDP), Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT), Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL).