Par Nadia Djabali (12 mars 2010)
Un nouveau règlement de la Fédération française de football (FFF) et de la Ligue Paris – Île-de-France empêche les enfants et les jeunes de nationalité étrangère d’obtenir la licence leur permettant de participer à des rencontres de football. « La FFF exige de ces enfants des documents prouvant qu’ils sont en France depuis cinq ans. Moins de cinq ans de présence : foot interdit », alerte un journal de quartier parisien, Le 18e du mois (mensuel associatif du 18ème arrondissement de Paris).
Plusieurs petits clubs de foot sont confrontés à ce problème. « Smaïl, 16 ans, né en Algérie, vivant en France depuis trois ans, se présente un mercredi à l’Espérance sportive parisienne. On lui explique qu’il pourra s’entraîner mais pas jouer de match », raconte le journal. Au club des Enfants de la Goutte d’Or, les animateurs expliquent que, pour le moment, douze enfants sont concernés par cette mesure. « Heureusement, presque toutes nos demandes de licences avaient été faites en septembre, et la Ligue Paris – Île-de-France, n’a édicté cette règle qu’en novembre. Si cela avait été le cas dès la rentrée, ils seraient cinquante dans cette situation. »
Pourquoi cette subite interdiction ? Cette mesure vise les nouvelles demandes de licences et pas les renouvellements. Le but de la FFF : lutter contre le trafic de jeunes footballeurs recrutés principalement en Afrique. Des agents prospectent les pays pauvres et repèrent des jeunes footballeurs talentueux. Ils les livrent aux clubs professionnels moyennant une (grosse) rémunération. Si, au bout de quelques années, le jeune ne répond pas aux exigences de ses entraîneurs, il est abandonné sans ressources ni métier.
Si beaucoup admettent que ce trafic est inadmissible, dans les clubs, on qualifie le nouveau règlement de la FFF de discriminatoire, stupide et inefficace. « A l’Espérance sportive, on cite le cas d’un enfant de moins de sept ans, dont les deux frères aînés sont déjà inscrits au club, et pour qui est exigée cette attestation de présence de cinq ans. Comme si les fameux agents avaient pu le recruter dès l’âge de deux ou trois ans », conclut le mensuel associatif. La Ligue des droits de l’homme menace d’engager une action en justice. Les agents recruteurs, eux, courent toujours.