Par Cirepal
« Nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas », c’est le mot d’ordre scandé et écrit sur les banderoles des participants à la marche commémorative. Ils sont venus par milliers, de toute la Palestine occupée en 48 (ce qui est nommé Israël) à Kfar Qassem, des Palestiniens qui ont décidé d’affronter le pouvoir sioniste à chaque moment de leur histoire.
Il y a 53 ans, le 29 octobre en 1956, les sionistes commettent un massacre dans la petite ville tranquille de Kfar Qâssem, située dans le Triangle, région proche de la Cisjordanie. Plus de 50 personnes sont froidement assassinées, la plupart des ouvriers qui rentraient chez eux après leur dure journée de travail. Cet horrible massacre sera justifié par les sionistes de l’époque (les dirigeants travaillistes) par la crainte de l’Egypte, au moment où Israël se lançait avec la France et la Grande-Bretagne dans l’agression tripartite contre ce pays arabe dont le dirigeant nationaliste Abdel Nasser avait décidé de nationaliser le canal de Suez.
« Nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas », car l’Etat sioniste est un Etat colonial construit sur la terreur et les massacres. Bien avant 1956 et le massacre de Kfar Qâssem, il (en tant qu’Etat ou bandes armées) avait commis des dizaines d’autres massacres, aussi horribles, pour expulser le peuple palestinien des zones dont il voulait s’emparer, en procédant à un nettoyage ethnique. Le massacre de Kfar Qâssem, justifié par les colons, moins de dix ans après la création de l’Etat colonial, visait en fait à poursuivre le nettoyage ethnique, non achevé en 1948-49. Profitant de la guerre contre l’Egypte et sous prétexte de sécuriser le front interne (rappelons-nous les guerres de 2006 au Liban et 2008-2009 à Gaza), l’armée sioniste exécute son massacre dans la petite ville tranquille. Le but : semer la panique dans tout le Triangle pour expulser la population palestinienne qui y était restée majoritaire, Kfar Qassem devant jouer le rôle de Deir Yassine en mai 1948, le village martyr où le massacre a semé la panique dans la population palestinienne de la zone d’al-Quds. En commettant le massacre de Kfar Qassem, les sionistes espéraient que la population du Triangle s’enfuierait. Mais elle ne broncha pas d’un pouce, au contraire. Elle avait compris et appris la lecon :
« Plus jamais, plus jamais, nous n’abandonnerons notre terre, même si nous devons être tous ensevelis. Nous le serons dans notre propre pays. »
C’est ce qu’on déclaré récemment plusieurs personnalités palestiniennes de Haïfa, lors d’une interview télévisée qui abordait la question des dernières mesures israéliennes envers les Palestiniens de 48, voulant les étouffer sinon les expulser (télévision al-Quds). Face aux cris de guerre lancés par l’establishment sioniste, civil et militaire, sécuritaire et médiatique, universitaire et populaire, contre les Palestiniens de 48 jugés « infidèles » au credo raciste et colonial, les Palestiniens ont levé la tête et résisté : sûrs de leurs droits sur leur patrie et leurs terres, ils refusent les menaces sionistes et ont décidé de poursuivre leurs luttes.
Parmi les récentes manœuvres militaires sionistes très fréquentes, l’une d’elle consistait précisément à affronter le « front interne », c’est-à-dire les Palestiniens de 48, en temps de guerre. Comment agir envers eux, que faire ? C’est la région du Triangle qui avait été ciblée pour ces manœuvres, et l’un des plans envisagés consistait à bloquer les routes des villes et villages palestiniens et à encercler toute la zone, en vue de faciliter des actions plus importantes de la part de l’armée sioniste. Lors de ces manœuvres, les analystes avaient vu le danger menaçant les Palestiniens de 48 dans cette région, lors d’une prochaine guerre entreprise par les dirigeants israéliens : expulsion massive ? massacres ??? Ce qui signifie, en clair, reproduire en beaucoup plus grand ce qui s’est passé à Kfar Qassem, en 1956. Le mot d’ordre « nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas » reste un mot d’ordre d’actualité. L’ennemi sioniste continue à envisager des crimes de plus en plus monstrueux.
La marche commémorative à Kfar Qassem, ce 29 octobre 2009, porte également une autre signification : face aux tentatives sionistes de délégitimer toute commémoration de l’histoire palestinienne, à commencer par la Nakba, en votant lois sur lois dans leur parlement, et face aux cris de guerre racistes lancés par l’establishment sioniste, les Palestiniens de 48 affirment que non seulement al-Quds, Gaza, la Cisjordanie, le Golan, le Liban, les intéressent et qu’ils sont prêts à soutenir leurs populations contre les massacres israéliens, mais qu’ils continuent à défendre leur existence dans leur propre pays, même colonisé, et qu’ils ne baisseront pas les bras, quelle que soit la puissance de l’ennemi ou la puissance de ses alliés. Ils savent qu’ils sont dans leur droit, le droit des peuples à disposer de leurs terres, de leur air, de leur mer et de leur vie, le droit de résister à toute occupation, par tous les moyens et en tout temps.
Extraits de l’hymne aux martyrs de Kfar Qassem (Samih al-Qassem)
« Le jour où ils ont annoncé que des morts et des blessés sont tombés,
Je n’ai pas pleuré, mais je me suis dit « un autre contingent suivra, de maison en maison »,
Le jour où ils ont annoncé que des morts et des blessés sont tombés,
Je me suis réveillé, les yeux brillants de joie, de mille joies.
Moi, ô Kafr Qassem, je ne célèbre pas la mort, mais les bras qui n’ont cessé de résister,
… Je remplis le monde d’acclamations, non négociables :
Kafr Qassem, Kafr Qassem, Kafr Qassem
Ton sang continue à couler et nous continuons à résister »
CIREPAL (Centre d’Information sur la Résistance en Palestine)