FACE À LA DIRECTIVE DE LA HONTE, LE MUTISME COUPABLE DES DIRIGEANTS MAGHREBINS !
Au moment où presque tous les Etats d’Amérique Latine, les leaders de la gauche anti-libérale en tête (Morales, Chavez, Correa), s’insurgent à l’unisson contre la directive de la honte, votée par le Parlement européen le 18 juin 2008, exprimant ainsi leur soutien à leurs compatriotes installés en Europe, et leur attachement aux droits humains, on est atterrés par le silence assourdissant des dirigeants des pays d’Afrique et du Maghreb ! Ni l’Algérie, ni la Tunisie, ni le Maroc, n’ont exprimé la moindre critique à l’égard de la directive « relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier », dite « directive retour », et qualifiée à très fort juste titre de directive de la honte, tant elle renie les droits fondamentaux de la personne humaine, en criminalisant les sans-papiers et en généralisant (à l’échelle européenne) une véritable politique d’internement à leur encontre.
Au moment où les dirigeants latino-américains, notamment Vénézuélien et Péruvien, menacent de bloquer les négociations économiques entre la CAN (Communauté Andine des Nations) et l’Union Européenne, d’exiger réciproquement des visas des ressortissants européens qui souhaitent se rendre dans leurs pays, et de ne plus livrer de pétrole aux 27 Etats européens qui ont voté cette directive infâme, les Etats maghrébins brillent de manière on ne peut plus pitoyable par leur désintérêt complice quant au sort de leurs compatriotes qui subissent (et subiront encore davantage à partir de 2010) les traitements les plus inhumains, en Europe. Pis encore, ils se font les instruments dociles de « la politique européenne d’externalisation de l’immigration et de l’asile » et les suppôts de la répression barbare et esclavagiste des candidats à l’immigration qu’ils soient locaux ou transitaires… Ils signent des « accords commerciaux » avec la France qui ne s’encombre même plus de respecter les règles humanitaires minimums de « rétention » des sans-papiers (voir le cas du tunisien de 41 ans décédé de manière suspecte au CRA de Vincennes le 21/06/08)
Cette directive ignominieuse est doublement honteuse : elle l’est en regard tout d’abord de ceux qui l’ont votée en reniant les fondements mêmes de l’Europe d’après-guerre (l’humanisme, la paix, la générosité, la solidarité, la dignité, etc.) ; elle l’est en second lieu en regard du mutisme complice des dirigeants du sud de la méditerranée qui s’abstiennent lâchement de défendre leurs concitoyens contre la discrimination et les traitements inhumains et dégradants dont ils sont régulièrement victimes et qui, désormais, sont institutionnalisés à l’échelle européenne.
Nos associations s’insurgent contre cette dérive sécuritaire gravissime ;
– Elles dénoncent vigoureusement la criminalisassions des sans-papiers et l’institutionnalisation européenne de la discrimination dont ils sont victimes ;
– Elles réaffirment leur attachement aux droits à la libre-circulation et installation des personnes ;
– Elles dénoncent l’atteinte gravissime aux droits de l’enfant tels que garantis par le Convention de l’ONU de 1989 ;
– Elles réitèrent, une fois de plus, leur condamnation de la double peine prévue par la directive de la honte quant à « l’éloignement » assorti systématiquement de cinq ans d’« interdiction du territoire » ;
-Elles exigent la ratification sans délais par la France et tous les pays membres de l’Union Européenne, de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (résolution 45/158) du 18 décembre 1990.
– Elles somment les dirigeants maghrébins de prendre exemple sur leurs homologues latino-américains, en exprimant leur soutien à leurs concitoyens et en dénonçant la directive de la honte.
A.T.F (Association des Tunisiens en France) – A.M.F (Association des Marocains en France) – S.A.E (Solidarité Algérienne en Europe ) – A.T.M.F (Association des Travailleurs Marocains en France) – F.T.C.R (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives)