jeudi 20 mai 2010 par Jsf
(Source : mondialisation)
Montréal, 18 mai 2010 – Ce dimanche 16 mai, l’intellectuel américain et activiste politique de renommée internationale Noam Chomsky s’est vu refuser l’entrée en Cisjordanie par Israël. Il a été bloqué par les représentants de l’immigration israéliens alors qu’il tentait de franchir la frontière par le pont Allenby entre la Jordanie et Israël. Il devait se rendre en Ramallah, où il avait été invité à donner une conférence sur la politique étrangère américaine par le département de philosophie de l’université Birzeit. Aucune explication officielle ne fut fournie à Chomsky pour justifier une attente de près de cinq heures et de multiple interrogatoires. Le ministère de l’Intérieur israélien a tenté d’excuser l’action d’Israël en disant qu’il y avait eu un malentendu sur les intentions de voyage de Chomsky et qu’il tentait d’obtenir l’autorisation de l’armée israélienne – qui contrôle l’accès à la Cisjordanie – pour que Chomsky puisse s’y rendre.
« Les faits étaient tout à fait clairs pour tout le monde, il n’y avait aucune base pour un malentendu », a pourtant déclaré Chomsky lors d’une entrevue à la chaîne Al Jazeera English à son retour à Amman. Selon lui, il se serait vu refuser l’entrée en Cisjordanie pour deux raisons : « La première raison est que le gouvernement d’Israël n’apprécie pas le genre de choses que je dis […]. La seconde raison est qu’ils semblaient contrariés par le fait que j’aie accepté une invitation de Birzeit sans avoir l’intention de donner de conférence dans une quelconque université israélienne […] ».
Noam Chomsky est connu pour ses positions critiques face à la politique israélienne et il a entre autres plusieurs fois critiqué la colonisation des territoires palestiniens par Israël. Il avait en outre clairement fait entendre son opposition lors de l’assaut israélien contre Gaza en décembre 2008 et janvier 2009. Son hôte palestinien, le législateur Dr Mustafa Barghouti, a qualifié la décision du ministère de l’Intérieur israélien équivalente à la « suppression de la liberté d’expression ».
Il ne s’agit pas de la première fois qu’Israël bloque l’accès aux territoires palestiniens occupés aux ressortissants étrangers afin d’étouffer les voix critiques de sa politique et les opinions dissidentes. Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) a récemment fait campagne sur l’introduction de mesures discriminatoires dans l’attribution des visas pour les ressortissants étrangers se rendant en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Ces mesures empêchent notamment l’accès des organisations humanitaires à une grande partie des territoires palestiniens et sont souvent appliquées de manière arbitraire en fonction de l’origine ethnique des ressortissants.
« Le traitement qu’a réservé le gouvernement israélien à M. Chomsky est désolant. Il ne fait que réaffirmer la difficile réalité de l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens, une occupation qui fait en sorte d’empêcher des figures aussi respectées que M. Chomsky d’entrer en Cisjordanie », a déclaré Tom Woodley, le président de CJPMO. « Les procédures arbitraires qui sont appliquées au moment de l’émission des visas pour entrer en territoire contrôlé par Israël sont contraires non seulement aux normes internationales, mais également à ce que prévoient les ententes de réciprocité en matière de visa. »