Yahya Ben Mbarek Tabbabi est né en 1978 à Redeyef dans le bassin minier. Il s’est enfui à bord d’une embarcation de la mort à la fin de l’année 2004 pour l’Italie afin d’améliorer la situation misérable de sa famille, composée de sa mère, Mariam, qui frise les 78 ans, de son frère aîné de dix ans, Bouali, et de ses deux sœurs, Nejma et Saïda. La famille vit d’une pension de retraite de 130 dinars laissée par le père, Tahar Tabbabi, né en 1916 ; ce dernier fait partie des anciens combattants ; il a été enrôlé dans l’armée française pour le service militaire en 1936, les allemands l’ont fait prisonnier en 1940 ; il ne sera libéré qu’à la fin de la seconde guerre mondiale. La France ne l’en remerciera qu’avec 34 dinars tous les trois mois, dont le versement prendra fin avec son décès en 1997.
L’absence de toute perspective d’emploi, au plan local comme national a poussé Yahya vers la seule solution de l’émigration, a dit son frère Bouali à El Maoukef, d’abord vers l’Italie, puis la France où il a présenté aux autorités le dossier de son père pour pouvoir prétendre à un titre de séjour, en vain. Puis il s’est rendu en Espagne et est revenu en France et de là, est parti en Belgique, le 12 décembre 2009. Il téléphonait sans cesse à sa famille, porté par l’espoir d’obtenir bientôt des papiers de séjour en Belgique, un optimisme qui n’a pas duré, une mort suspecte ayant fauché le jeune Yahya au centre de Vottem pour étrangers en situation irrégulière.
Lundi 4 janvier dernier, nous a affirmé Bouali Tabbabi, le frère de la victime, il avait contacté un émigré originaire de Rédéyef, qui lui avait confirmé l’information et dit que son frère Yahya lui avait donné le numéro de téléphone d’un autre Tunisien qui lui a affirmé à son tour que Yahya était mort d’un surdosage médicamenteux. Le frère de la victime dit que la famille fait endosser aux autorités belges et à l’administration de ce centre toute la responsabilité et qu’elle est prête à tout mettre en œuvre pour faire éclater la vérité.
Ils ont pris contact avec le Consulat de Tunisie en Belgique et l’ont informé de leur intention de déposer plainte contre l’administration du centre. Après avoir remercié toutes les personnes qui ont fait part de leurs condoléances à la famille, Bouali, le frère de la victime a dit que la famille avait reçu un soutien moral incommensurable de la part des amis de Yahya en France et en Belgique et de ceux qui avaient fait l’effort de se rendre en Belgique, ceux-là mêmes qui ont affirmé que la mort de son frère était un crime sans aucun doute. Il a ajouté que le consulat de Tunisie en Belgique s’était chargé du rapatriement de la dépouille en Tunisie, arrivée le mardi 11 janvier dernier. Bouali a pris sur lui de la présenter à un médecin légiste de l’hôpital Charles Nicolle après en avoir fait la demande au Procureur de la République de Tunis.
Puis, la dépouille a été ramenée à Redeyef pour l’enterrement au cimetière de Sidi Ben chetouane le 15 janvier 2010, donnant lieu à des funérailles impressionnantes.