Guinée : Carnage à Conakry , des dizaines de morts lors d’une manifestation contre la junte

Après l’intervention des forces de sécurité, venues évacuer le stade, « il y a 87 corps qui ont été ramassés dans et autour du stade après le passage des militaires », a indiqué un responsable de la police sous couvert de l’anonymat.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, à la tête de la Guinée depuis neuf mois a beau s’en défendre, affirmant qu’il n’a pas pris le pouvoir pour aboutir « à un affrontement », mais les faits semblent lui donner tort. Lundi, la junte a écrasé une manifestation dans la violence.

Au moins 157 morts personnes hostiles à la junte au pouvoir en Guinée ont été tuées par balles, lundi 28 septembre, à Conakry, selon une source policière. Deux chefs de l’opposition ont aussi été blessés par des militaires, au cours d’une manifestation réprimée dans le sang par les forces de sécurité.

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a appelé la communauté internationale à « réagir fermement ». Ancienne puissance coloniale, la France a condamné « avec la plus grande fermeté » cette « répression violente » et les Etats-Unis se sont déclarés « profondément inquiets ».

Lundi à la mi-journée, plusieurs dizaines de milliers de manifestants s’étaient rassemblés dans le plus grand stade de Conakry pour dire leur opposition à l’éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle prévue en janvier. Après l’intervention des forces de sécurité, venues évacuer le stade, « il y a 87 corps qui ont été ramassés dans et autour du stade après le passage des militaires », a indiqué un responsable de la police sous couvert de l’anonymat.

Dans la matinée, les forces de sécurité avaient d’abord dispersé des opposants à coups de matraques et de grenades lacrymogènes et arrêté des dizaines de personnes. Puis le stade – qui compte officiellement 25 000 places – s’était empli d’une foule débordant jusque sur les pelouses et aux abords, et des tirs avaient été entendus.
L’ex-premier ministre Cellou Dalein Diallo, candidat à l’élection présidentielle et dirigeant de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UDFG, opposition), a raconté à l’AFP que des militaires lui avaient « cassé deux côtes » et l’avaient blessé à la tête « à coups de crosse ». « Il y avait une volonté délibérée de nous éliminer aujourd’hui, nous, les opposants », a déclaré l’ancien chef de gouvernement Sidya Touré, leader de l’Union des forces républicaines (UFR, opposition), également blessé à la tête. Ces deux opposants ont été conduits au camp militaire Alpha Yaya Diallo, siège de la junte, puis transportés dans une clinique pour y être soignés. Leurs maisons ont ensuite été pillées par des militaires, selon des témoins.

Jusqu’à présent, le capitaine Dadis Camara soulignait volontiers que l’armée avait pris le pouvoir « sans effusion de sang », le 23 décembre 2008, au lendemain du décès du président Lansana Conté qui régnait sans partage sur la Guinée depuis 1984.

Dans un entretien diffusé lundi soir par RFI (Radio France Internationale), le chef de la junte a déclaré attendre « qu’on (lui) donne les chiffres (des morts) ». « Je voulais sortir pour aller (sur le terrain), tellement que j’étais vraiment écoeuré quand on m’a informé », a-t-il déclaré dans une interview accordée à la radio sénégalaise RFM. « J’ai dit que je vais aller (sur le terrain) si effectivement les gens… je préfère alors mourir, parce que je n’ai pas pris cette Nation pour un affrontement », a dit le chef de la junte, qui s’exprimait d’une façon décousue et confuse, sans finir la plupart de ses phrases.

http://www.senego.com/des-dizaines-de-morts-en-guinee-lors-dune-manifestation-contre-la-junte/

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