par LOOS,BAUDOUIN publié dans lesoir.be
Samedi 8 novembre 2008
La banque franco-belge Dexia finance, via sa filiale israélienne, le développement des colonies israéliennes en territoires palestiniens occupés, et cela depuis des années.
Ce constat, qui aurait en effet pu être fait depuis longtemps, est mis en lumière par plusieurs groupes de solidarité avec la Palestine, qui lancent la semaine prochaine une action de protestation.
Depuis près de dix ans, Dexia s’intéresse au marché israélien. En plusieurs étapes, la banque franco-belge a acheté une firme bancaire israélienne, Otzar Hashilton Hamekomi (« Trésor du pouvoir local »), spécialisée comme ce nom l’indique dans le financement des communes et des collectivités locales, à l’instar du bon vieux Crédit communal belge, ancêtre de Dexia.
Depuis 2001, cette banque israélienne est contrôlée par Dexia qui détient 65,31 % du capital. La filiale Dexia Public Finance Israel est répertoriée sur le site de Dexia comme troisième en importance sur le marché israélien du financement des collectivités locales (avec un personnel de quarante personnes). La banque a pignon sur rue et est bien connue des Israéliens.
Avec d’autres mouvements, Intal, qui travaille sur divers dossiers de solidarité dans des pays du tiers-monde Amérique du Sud, Congo, Philippines, Cuba dont les territoires palestiniens, a décidé de lancer une campagne pour dénoncer l’implication de Dexia dans le financement des colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
« Nous voulons rappeler que la colonisation est contraire au droit international, nous dit Mario Franssen, d’Intal. La Quatrième Convention de Genève interdit l’installation de populations du pays occupant dans le territoire occupé. Avec d’autres groupes, nous sommes engagés par ailleurs dans une campagne de boycott des produits israéliens, pour dénoncer l’occupation, et certains nous reprochent, de manière absurde, d’agir ainsi pour rayer Israël de la carte ou par antisémitisme ! Mais ici nous ciblons une situation bien particulière : le financement, par une banque franco-belge, du développement des colonies israéliennes dans les territoires occupés, toutes illégales. »
« Ce financement n’est guère contestable », dit encore Mario Franssen, dont le mouvement s’est procuré la retranscription d’une séance en commission des Finances de la Knesset (parlement israélien) qui date du 19 juin 2007. Les propos tenus par David Kapah, le directeur de Dexia Israel, ne laissent pas la place à l’ambiguïté : « Pour nous, la localisation géographique n’est pas pertinente. Si on parle de quelque chose au-delà de la Ligne verte (dans les territoires occupés, NDLR), nous, nous avons octroyé une aide financière ces deux dernières années et demie à Alfei Menasheh, Elkana, Beit-El, Ariel, Beit Aryeh, (le Conseil régional de) la Vallée du Jourdain, Givat Zeev, (le conseil régional de) Har Hevron, Kedumim, Beit Aryeh (…). Cela veut donc dire que, oui, c’est nous qui les soutenons financièrement et c’est encore vers nous que l’on vient pour recevoir du crédit. »
Et à la question d’une députée, Esterina Tartman, rapporteur de la Commission des Finances, elle-même résidente d’une colonie (Givon Ha-Hadasha) et désirant « savoir si la dimension de la localisation géographique de la Judée et de la Samarie (la Cisjordanie occupée) complique le processus de décision au sein de la Banque Dexia Israel », la réponse de David Kapah, laconique, se révèle claire : « Négatif. Absolument pas… »
Dexia, à Bruxelles, a été interpellé depuis 2001 par les mouvements belges de solidarité, sans grand succès, les réponses restant incomplètes ou imprécises, et la responsabilité globale de l’achat de la banque israélienne étant renvoyée à Dexia France. A partir de la semaine prochaine, des actions de protestation seront donc lancées.