Tunisie:Lettre aux Présidents (de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée du peuple)

Rassemblement de soutien aux luttes sociales en Tunisie
devant l’ambassade de Tunisie le 26 janvier 2016.

A l’appel des associations, des partis démocratiques et des personnalités tunisiennes à l étranger, beaucoup d’amis de la Tunisie dont Mgr Jacques Gaillot , Bernard Dreano, Idir Arsalan , ancien président de l’Association des marocains en France, Driss Elkherchi président de l ATMF, Marguerite Rollinde, Abdallah Zniber, des représentants du Parti Communiste, Eric Coquerel du Parti de Gauche d’ EELV, Alain Baron de Union Syndical Solidaires …

Une délégation des associations et des partis politiques tunisiens conduite par Mourad Allal, de la société civile, (Seddik Ferchchi, Front Populaire-France, Tarek Toukabri, ElJomhoui-France, Naceur ElFahem, El Massar-France, Hela Ouerdani Ben Youssef Ettakattol-France), a été reçue à l’ambassade et a remis une lettre de protestations et de soutien aux luttes sociales en Tunisie que nous rendons publique.

Paris le 26 Janvier 2016

M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE TUNISIENNE

M. LE PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT

M. LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLEE DU PEUPLE

Objet : LETTRE DE PROTESTATION adressée aux Autorités Tunisiennes Sous couvert de M. l’Ambassadeur de Tunisie en France

Nous, représentants des associations démocratiques et des acteurs de la société civile tunisienne en FRANCE constitués en collectif de soutien aux luttes sociales en Tunisie, vous prions de bien vouloir porter au Président de la République Tunisienne et aux membres de l’exécutif nos plus vives inquiétudes concernant la détérioration de la situation sociale et politique dans notre pays.

En effet, cinq ans après la révolution, Kasserine puis plusieurs autres villes de Tunisie se soulèvent de nouveau pour leurs droits économiques et sociaux bafoués.

La mort du jeune diplômé chômeur Ridha Yahiaoui, électrocuté alors qu’il réclamait son droit à l’emploi, et le décès du jeune policier Soufiene Bouslimi (au cours des affrontements) soulignent, de manière dramatique, que les acquis restent en deçà des attentes légitimes des populations marginalisées qui réclament travail, dignité et liberté.

Les mesures d’urgence, décidées à la hâte par l’actuel gouvernement tunisien, masquent mal son échec et celui des gouvernements successifs à s’attaquer prioritairement aux urgences économiques et sociales et à répondre aux exigences du développement des droits économiques et sociaux des plus défavorisés.

Le spectacle donné par les partis politiques au pouvoir, embourbés dans des querelles partisanes, ne fait que renforcer l’ampleur des mouvements déclenchés à Kasserine et qui s’étendent à de nombreuses villes et régions du pays, mouvements souvent criminalisés par les gouvernements successifs.

Partant de ce constat, les associations, partis politiques et militants de l’immigration tunisienne en France :

– présentent leurs condoléances aux familles des victimes et leur compassion aux blessés
– exigent l’ouverture d’une enquête sérieuse sur la manipulation de la liste des dossiers prioritaires pour une embauche dans la fonction publique et des sanctions contre les tricheurs et corrompus,
– se déclarent totalement solidaires avec toutes celles et ceux qui, par des moyens pacifiques, militent pour leurs droits légitimes au travail, à la dignité et à la liberté,
– expriment leur solidarité avec les populations des régions déshéritées, hauts lieux de la révolution tunisienne, qui luttent contre le laxisme du pouvoir dans la mise en place des projets de développement et l’absence de vision stratégique pour l’emploi et la lutte contre la corruption.
– mettent le gouvernement en garde contre les graves conséquences et les risques de dérapage et de récupération par des groupes terroristes ou malfrats.
– déclarent la création du « comité de suivi des luttes sociales en Tunisie »

Nous vous informons que nous comptons peser de tout notre poids en faveur de la satisfaction des droits légitimes à la liberté, la dignité et le progrès de tous nos concitoyens et particulièrement ceux issus des régions défavorisées.

A cet égard, si nous nous opposons avec la plus grande fermeté à toutes les formes de violence et de récupération malsaine de la colère légitime de nos concitoyens, nous rejetons tout aussi fermement la criminalisation des luttes pour l’emploi et la dignité.

Nous vous affirmons avec force que la réponse aux attentes exprimées par les mouvements sociaux en cours passe par l’organisation d’un dialogue économique et social national et décentralisé associant les partenaires sociaux, les partis politiques la société civile et la jeunesse des régions.

Nous comptons sur votre attachement aux valeurs qui ont fondé notre nouvelle constitution pour porter notre message à qui de droit.

Nous vous prions de croire, Excellence, en nos sentiments les meilleurs.

LE COLLECTIF DE SOUTIEN AUX LUTTES SOCIALES EN TUNISIE

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