Depuis le 1er janvier 2015, les habitants de In Salah manifestent, avec détermination et sans violence, leur opposition à la décision du gouvernement de procéder à l’exploitation du gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnit, proche de la ville, aux confins du désert : plusieurs oasis des alentours sont concernés par la fracturation hydraulique mise en oeuvre. Chaque jour plus nombreux, ils dénoncent également la collusion des multinationales telles que Halliburton et Shlumberger dans l’exécution de ce projet.
La mobilisation s’est étendue à toute la région, puis au Grand Sud. Elle a reçu le soutien de nombreux chercheurs scientifiques et d’experts dans le domaine des hydrocarbures. Prenant une ampleur inédite depuis les grandes manifestations de juin 2001, elle a gagné la sympathie de très nombreux citoyens à travers tout le pays, inaugurant un rapport de force nouveau au sujet de l’avenir énergétique national – jusque-là considéré comme un pré-carré d’un petit cercle de pétroliers et de technocrates –, afin d’offrir une croissance maîtrisée à toute l’Algérie dont, aujourd’hui, l’économie tourne à 97 % grâce à l’extraction des hydrocarbures du sous-sol saharien.
Un collectif constitué de militants actifs et représentatifs de la ville a vu le jour, animant et coordonnant les manifestations, assurant l’information et les liaisons avec les chercheurs et experts, la presse et les médias. Il a adressé un moratoire à la présidence de la République et au Premier ministre, ainsi qu’aux ministères de l’énergie, des ressources en eau, de l’environnement et de l’agriculture. Son objectif est d’ouvrir un espace de dialogue sérieux et franc, et de trouver une issue satisfaisante pour l’ensemble des acteurs, tant de l’Etat que de la société civile. Le moratoire contient un argumentaire solide pour démontrer que l’exploration et l’exploitation de gaz de schiste ne sont pas dans l’intérêt du pays, et ce, à divers niveaux : économique, environnementale, sociale et sanitaire.
Les autorités algériennes n’ont pas répondu à cette demande de moratoire. Bien au contraire, elles démontrent jour après jour qu’elles comptent poursuivre leur projet, en se soumettant entièrement aux exigences des multinationales, en déconsidérant et réprimant les manifestant(e)s qui s’y opposent. Les 28 et 29 février derniers, un assaut a été donné par la gendarmerie et des compagnies nationales de sureté, utilisant gaz lacrymogène et balles en caoutchouc : plus de 40 manifestants ont été blessés, dont 3 graves ; d’autres ont été détenus. La répression des manifestant(e)s se poursuit.
Nous, mouvements associatifs de l’émigration et des pays du Maghreb, et associations de défense de l’environnement, dénonçons avec vigueur cette répression ainsi que le silence du gouvernement algérien face aux revendications d’un moratoire contre l’exploration et l’exploitation du gaz du schiste, que le collectif de lutte de In Salah lui a présenté.
Nous exigeons la libération des manifestants détenus.
Nous exprimons toute notre solidarité aux citoyen(ne)s de In Salah dans leur lutte contre la fracturation hydraulique, qui risque de mettre en danger l’avenir de l’eau de toute une région d’Afrique.
Nous appelons le mouvement associatif, tou(te)s les ami(e)s de l’Algérie, à soutenir et à faire connaître les revendications tel que décidées par le collectif d’In Salah :
– mise en place d’un moratoire sur la prospection et la production d’énergie par fracturation hydraulique,
– arrêt des forages en cours.
Pour vous joindre à cet appel, envoyez vos mails à : acda-algerie@mailfr.com
Paris, le 5 mars 2015.
Premiers signataires
Collectif algérien en France ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie)
APEL-Egalité (association de femmes algériennes en France)
Massira (Collectif citoyen de soutien aux luttes sociales et démocratiques en Algérie)
CRLDHT (Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie)
ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France)
FTCR (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives)
AMF (Association des Marocains en France)
ATF (Association des Tunisiens en France)
ASC (Algeria Solidarity Campaign)
CEDETIM (Centre d’études et initiatives de solidarité international)
ENAF (Etudiants nord-africains de France)
Coordination eau Ile-de-France
AFAPREDESA (Association des familles des prisonniers et disparus politiques)
ADTF (Association démocratique des Tunisiens en France)
Réseau Initiatives pour un autre monde (IPAM)
Blanc-Mesnil écologie
Jil Jadid Europe
Nabila Abbas, enseignante
Hichem Abdessamad, traducteur
Nourredine Abdi, universitaire
Hakim Addad, militant politique
Sanhadja Akrouf, animatrice sociale
Ahcène Aliouchouche, ingénieur
Tewfik Allal, correcteur
Samia Ammour, féministe internationaliste
Boualam Azahoum, enseignant
Malika Bakhti, fonctionnaire
Sami Bargaoui, universitaire
Farouk Belkeddar, militant associatif
Aïcha Benabdelmoumène
Youcef Bendada, économiste
Aïcha Bendouba, sociologue
Fouad Berrissoul, médecin
Mouloud Boumghar, universitaire
Omar Bouraba, gérant d’entreprise
Nabil Challal, ingénieur informaticien
Souad Chaoui, militante associative
Mouhieddine Cherbib, militant associatif
Ahmed Dahmani, enseignant-chercheur
Didier Delpeyrou, militant écologiste
Bernard Dréano, président du CEDETIM
Mohsen Dridi, militant associatif
Driss El Kherchi, militant associatif
Yann Fiévet, professeur de sciences économiques et sociales
Jérôme Gleizes, conseiller de Paris EELV
Nacira Guénif, universitaire
Tewfik Hakem, journaliste
Hamza Hamouchene, militant associatif
Souad Harrar, présidente de l’association « Les Amis Des Troglodytes »
Abderrazak Horchani-Bouazizi, militant associatif
Omar Kezouit, informaticien
Agnès Lacornerie, enseignante
Annie Lahmer, militante écologiste
Feriel Lalami, universitaire
Mohammed Maali, journaliste
Noara Mendil, travailleur social
Halima Menhoudj, adjointe au maire de Montreuil (EELV°
Salah Menia, médecin
Karim Messaoudi, militant associatif
Paul et Françoise Michalon, militants associatifs
Saïd Nemsi, journaliste
Pascal Paquin, co-rédacteur de site
Kahina Redjala, étudiante en économie
Leslie Renac, militante associative
Nicole Roger, militante associative
Messaoud Romdhani, enseignant, vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH)
Rabah Saoudi, syndicaliste
Sabra Sahali, étudiante en droit
Selma Sardouk, militante associative
Tarek Toukabri militant associatif (Président ADTF)
Olivier Tric, architecte
Abdellah Zaazaa, militant associatif
Abdallah Zniber, militant associatif
Mourad Zouaoui, économiste
Malika Zouba