C’est un homme immense qui nous quitte.
Nelson Mandela ou le triomphe des principes
« Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé, jeudi 5 décembre, la mort de Nelson Mandela, âgé de 95 ans. Le grand homme sud-africain a eu plusieurs vies, mais c’est lors de sa transition de prisonnier à président qu’il a montré ce qui faisait de lui une personnalité exceptionnelle : son intégrité non dénuée de réalisme politique. »
Oui, « S’il a toujours su composer avec la réalité politique, il n’a jamais trahi ses principes ni ses amis »
Comme l’a rappelé Pierre Haski dans un article publié sur Rue89, les pays occidentaux n’ont pas toujours, loin de là, soutenu les combats de Nelson Mandela. Ce dernier leur a d’ailleurs à plusieurs reprises rendu la pareille en se démarquant nettement des positions des États-Unis et de l’Union européenne, comme lors de son voyage à Gaza en octobre 1999, durant lequel il a fait des déclarations, passées sous silence par la presse occidentale et peu connues aujourd’hui encore, alors qu’elles en disent long sur les positions politiques de celui qui est devenu le symbole de la lutte anti-apartheid.
En témoigne le discours qu’il prononce, le 20 octobre 1999, devant le Conseil Législatif Palestinien (Parlement) à Gaza (extraits vidéos ci-dessous). Comme le résume la dépêche de l’Associated Press publiée à l’époque, Nelson Mandela, tout en affirmant « sa sympathie pour le point de vue israélien », « [invoque] à plusieurs reprises la similitude entre la lutte des Palestiniens et des Non-blancs en Afrique du Sud [et se souvient] de cette époque où les deux mouvements étaient considérés comme des parias par la communauté internationale, période durant laquelle des liens solides ont été forgés entre Palestiniens et Sud-Africains ».
Durant ce discours, il rappelle notamment ce qu’il a déclaré, quelques jours plus tôt, en Israël, au cours de rencontres avec Ehud Barak et Shimon Pérès, devant lesquels il a affirmé, entre autres, ceci : « Israël devrait se retirer des zones qu’il a prises aux Arabes : le plateau [syrien] du Golan, le Sud-Liban et la Cisjordanie ». Engagement qui est, selon Mandela, le préalable à la reconnaissance par les États arabes « du droit de l’État d’Israël à exister à l’intérieur de frontières sûres ». Et d’ajouter que « tout discours sur la paix restera creux tant qu’Israël continuera à occuper un territoire arabe ».
Devant le Conseil Législatif Palestinien, il reprend ce dernier point : « Je leur ai dit qu’il ne sert à rien qu’Israël parle de paix tant qu’ils continueront à contrôler les territoires arabes qu’ils ont conquis durant la guerre de 1967″.
Et de poursuivre en développant sa vision stratégique, expliquant notamment que la voie négociée et la paix doivent être la priorité, et qu’elles sont toujours préférables à au conflit. Mais, ajoute-t-il alors, « il faut choisir la paix plutôt que la confrontation, sauf dans les cas où nous ne pouvons rien obtenir, ou nous ne pouvons pas continuer, ou nous ne pouvons pas aller de l’avant. Si la seule solution est la violence, alors nous utiliserons la violence ».
L’ex-Président sud-africain dépassé par les événements ?
Pas du tout. L’ANC et Nelson Mandela n’ont jamais condamné, a priori, la lutte armée dans le cadre des combats d’émancipation nationale. Justifiant ce point de vue, Mandela a ainsi écrit dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté, ce qui suit : « C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense ».
Proposition:
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Kamel Barkaoui
Professeur des Universités
Conservatoire National des Arts et Métiers
Ecole SITI – Département Informatique
Cédric – Groupe Vespa
2, Rue Conté
75141 Paris Cedex 03
France