Appel à solidarité avec les grévistes de la faim de l’UDC et de l’UGET à Tunis

Secrétariat International de la Confédération Nationale du Travail de France (CNT-F)

33 rue des vignoles, 75020 Paris
international@cnt-f.org
www.cnt-f.org/international

Appel à solidarité avec les grévistes de la faim de l’UDC et de l’UGET à Tunis

Le 15 décembre dernier des militants de l’Union des Diplômés Chômeurs et
anciens membres de l’Union Générale des Étudiants Tunisiens annoncent dans
une conférence de presse à Tunis qu’ils entameront une grève de la faim à
partir du 17 décembre 2015.

A cinq ans jour pour jour du déclenchement du dernier soulèvement
populaire en Tunisie qui a amené à la chute de Ben Ali, cette date de
nouvelle grève de la faim se voulait symbolique face au chômage toujours
plus fort depuis cinq ans.

Cinq ans de mépris, ou fausses promesses de la part des différents
gouvernements qui ont défilé depuis 2011, et ce dans l’objectif d’étouffer
le souffle de la lutte des chômeurs, qui était pourtant le fer de lance du
soulèvement populaire. La précarité et la situation de l’emploi ne font
que s’aggraver chaque année.

D’autant plus dans le contexte actuel, où, sous couvert de crise
économique et maintenant de lutte antiterroriste, le gouvernement annonce
une loi des finances qui sera encore plus drastique avec de lourdes
conséquences pour les classes populaires, dont celles des
régions intérieures : augmentation du budget pour l’armée, la police, la
douane, et par contre aucune embauche dans la fonction publique pendant
les deux ans qui suivront ! Les rangs des milliers de chômeurs tunisiens
seront encore gonflés !

Depuis plus d’un an plusieurs mobilisations et grèves de la faim ont eu
lieu, menées par des diplômés chômeurs en lutte dans différentes villes
(Gabès, Sfax, Sidi Bouzid, Gafsa, Sousse…).
Une grève de la faim avait aussi été entamée au printemps 2015 par des
diplômés chômeurs anciens membres de l’UGET, fichés par la police pour
leur engagement syndical, et interdits d’accéder aux concours de la
fonction publique, 187 personnes étaient concernées à ce moment. Leurs
dossiers ont été régularisés par tranches, sur plusieurs mois, par une
embauche.

Aussi il est important de noter que de nombreux pions des rangs de Nahdha
et d’anciens RCDistes (parti du régime de Ben Ali) se sont faits embaucher
dans la fonction publique en falsifiant des dossiers d’anciens blessés de
la révolution. En effet en guise de «réparation» le gouvernement avait
accordé des embauches pour d’anciens blessés. Ironie du sort ce sont
encore des contre révolutionnaires qui bénéficient de ces promesses !

Une année qui vient de s’écouler encore une fois difficile pour les
chômeurs en lutte, qui ont toujours maintenu sans relâche les
revendications à l’origine du soulèvement populaire émergé dans les
régions intérieures fin 2010. Des revendications centrées sur la justice
sociale, la dignité, la liberté syndicale, qui sont malheureusement encore
tellement actuelles et pour les quelles les militants continuent de faire
face à une répression parfois très dure dans certaines villes, ou des
tentatives de corruption avec des propositions de sommes en contre partie
de l’arrêt de leur mobilisation, l’apparition de nouveaux frais comme le
paiement à l’inscription du CAPES.

C’est aussi la course ces dernières années vers des enjeux électoraux, ou
partisans, qui ont détourné la mobilisation initiale de certains soutiens.
Ceci reflète aujourd’hui l’isolement des luttes locales en Tunisie comme
celles des chômeurs. En cinq ans de nombreuses promesses
ont été faites, peu de solutions concrètes, de l’opportunisme contre
révolutionnaire, et une démobilisation pour beaucoup de personnes aussi,
la situation économique et sociale en Tunisie est actuellement
catastrophique.

C’est dans ce contexte qu’une nouvelle grève de la faim a encore une fois
été lancée, à la date anniversaire du 17 décembre, à l’appel de l’UDC et
de l’UGET. 510 personnes demandent encore la suppression des listes noires
de Ben Ali, et la levée de leur interdiction d’accès à la fonction
publique. Ce sont bien sûr encore des revendications globales contre
l’augmentation de la précarité qui sont portées. Cela fait dix jours que
parmi ce groupe, 28 militants originaires de différentes régions de
Tunisie sont en grève de la faim dans le local syndical de l’UGET (Union
Générale des Etudiants Tunisiens) à Tunis.

Certains grévistes ont un état de santé inquiétant, des hospitalisations
aux urgences ont eu lieu ce vendredi 25 décembre 2015. Pour le moment il
n’y a toujours aucune réaction du gouvernement. Leur grève est isolée et
peu médiatisée. Et malgré les communiqués et la
solidarité de la part des bases combatives de l’UGTT, syndicats régionaux
notamment, le bureaucratie nationale de l’UGTT reste bien sûr encore une
fois silencieuse !

Même si l’Etat essaiera d’étouffer la contestation par certaines
embauches, la situation ne sera pas réglée face aux milliers de chômeurs
tunisiens, et futurs chômeurs encore étudiants.
Le peuple ne peut compter que sur lui même, seule la convergence des
luttes par la base et auto-organisée paiera !

Le Secrétariat International de la CNT-F exprime toute sa solidarité avec
les grévistes et les chômeurs en lutte ! Nous appelons l’ensemble des
organisations syndicales des différents réseaux au niveau international à
exprimer également leur solidarité en envoyant des messages aux grévistes
sur la page facebook du comité :
https://www.facebook.com/اللجنة-الوطنية-لإنصاف-قدماء-الإتحاد-العام-لطلبة-تونس-القائمة-التكميلية–935640399864183

Et à envoyer massivement par fax ou mail des messages aux autorités
tunisiennes (dont les adresses s’affichent ci-dessous, vous trouverez
également un modèle de lettre à envoyer), pour dénoncer cette situation et
exiger que les revendications des grévistes soient entendues le plus
rapidement.

Contre la précarité en Tunisie et partout ailleurs, pour la justice
sociale et la dignité !
La solidarité internationale est notre arme !

Le Groupe Afrique du Secrétariat International de la CNT-F

Paris, le 26 décembre 2015


Modèle de lettre à envoyer aux autorités tunisiennes à titre individuel ou
au nom de votre organisation :

« (…Nom de l’organisation…) exprime toute sa solidarité aux camarades
grévistes de la faim depuis le 17 décembre 2015, qui occupent actuellement
le local de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens à Tunis.
Ces anciens militants de l’UGET, pour la plupart actuels militants de
l’Union des Diplômés Chômeurs tunisiens payent de leur engagement
politique sous le régime de Ben Ali et jusqu’à aujourd’hui un fichage de
votre ministère de l’intérieur, qui les empêche d’accéder aux postes de la
fonction publique.
Nous exigeons que le gouvernement actuel écoute enfin leurs
revendications, que les listes noires soient enfin supprimées ! stop à la
répression syndicale et politique ! Pour l’ouverture de postes dans la
fonction publique !

Ces 28 grévistes de la faim défendent les cas de plusieurs centaines.
Cette grève entamée depuis le 17 décembre 2015 est hautement symbolique,
jour anniversaire à cinq ans du soulèvement populaire dont les
revendications initiales étaient celles de la défense de la justice
sociale, la dignité, et conte la précarité, l’exploitation, et la répression syndicale et politique. En effet cinq ans après, la situation de l’emploi en Tunisie ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Ceux qui se sont mobilisés sous Ben Ali et durant le soulèvement, ont payé pour certains de leur vie, les autres ont poursuivis leurs engagements pour un réel changement en Tunisie jusqu’à aujourd’hui, ce sont eux qui sont actuellement en grève de la faim ! C’est grâce aux chômeurs mobilisés massivement que le régime de Ben Ali a été déchu, aujourd’hui leur mobilisation se poursuit car la précarité et la répression sont identiques, ils ne lâcheront pas jusqu’à satisfaction de leurs
revendications, et nous non plus via notre solidarité internationale !!

Justice sociale ! Stop à la répression syndicale et politique !»

Ci-dessous les adresses mails et fax des autorités tunisiennes :

Mails :

Chef du Gouvernement : boc@pm.gov.tn

Ministère de la justice : mju@ministeres.tn

Ministère des affaires étrangères : mae@ministeres.tn

Ministère des affaires sociales : masste@rnas.gov.tn ;

Ministère de l’éducation : med@ministeres.tn;

Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique :

mes@mes.rnu.tn;

— > pour un copier-coller rapide de ces adresses :
boc@pm.gov.tn ; mju@ministeres.tn; mae@ministeres.tn ;
masste@rnas.gov.tn ; med@ministeres.tn; mes@mes.rnu.tn

Numéros de fax :

– Consulat Général de Tunisie à Paris : Fax : (0033) 01 47 04 27 79

– Ministère des affaires étrangères : Fax : (+216) 71 785 025 ; 71 843 424 ; 71 885 074 ; 71 884 553

– Ministère des affaires sociales : Fax : (+216 71) 111 404

– Ministère de l’enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique : Fax : (+216) 71 801 701

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