Tunis : la réouverture du musée du Bardou reportée pour raisons de sécurité
AFP 24 mars 2015 à 07:50 (Mis à jour : 24 mars 2015 à 09:00)
Mercredi dernier, 21 personnes dont 20 touristes avaient trouvé la mort dans un attentat revendiqué par le groupe Etat Islamique.
Le musée du Bardo devait rouvrir ses portes au public mardi à Tunis, six jours après l’attentat revendiqué par le groupe Etat islamique qui a coûté la vie à 21 personnes, dont 20 touristes, et leur poste à deux chefs de la police, limogés lundi. On a appris peu avant 9 heures que cette réouverture est reportée pour «raisons de sécurité».
Principal musée tunisien, le Bardo rouvrira dans l’après-midi après une cérémonie organisée par le ministère de la Culture. Le conservateur du musée, Moncef Ben Moussa, a parlé d’un acte «symbolique»: «C’est un défi mais aussi un message (…). Nous voulons dire qu’ils (les assaillants) n’ont pas atteint leur objectif». Des internautes ont également lancé un appel à manifester devant le musée à cette occasion, en plein coeur de la capitale. Lundi, deux chefs de la police à Tunis ont été limogés pour des «lacunes» dans la protection du quartier du musée.
Le chef du gouvernement Habib Essid a effectué dans la nuit de dimanche à lundi «une visite et a constaté plusieurs lacunes. Il a décidé de limoger un certain nombre de responsables dont les chefs de la police de Tunis et du Bardo», a indiqué lundi Mofdi Mssedi, le chargé de la communication du Premier ministre. M. Essid a immédiatement nommé leurs successeurs. En outre, le parquet a indiqué qu’un «mandat de dépôt» avait été émis contre un policier «chargé de la sécurité du musée», refusant de dévoiler les raisons de son arrestation.
Ministre de l’Intérieur en 2011 après la révolution, Essid avait déjà admis que l’attaque, qui a coûté le 18 mars la vie à 20 touristes étrangers et un policier tunisien, avait révélé des défaillances sécuritaires graves. «Nous sommes en train d’évaluer la situation et de prendre les mesures nécessaires pour que ce ministère de l’Intérieur fasse son travail», a-t-il déclaré dans un entretien publié lundi par le journal français Le Figaro et la radio RFI.
Les deux tireurs, armés de kalachnikovs, ont attaqué le site qui ne semblait pas bénéficier d’une protection particulière, bien qu’il soit situé dans la même enceinte que le Parlement. Ils ont été tués par les forces de sécurité. Sur l’enquête relative à l’attaque, revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), les autorités n’ont donné aucune nouvelle indication, au lendemain de l’évocation par le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, de la piste d’un troisième suspect.
«Problème sérieux»
A l’occasion de l’ouverture du Forum social mondial (FSM), grande messe altermondialiste à laquelle participeront des milliers d’étrangers jusqu’à samedi à Tunis, un défilé est par ailleurs prévu jusqu’au Bardo. Ce forum constituera «une réponse de la société civile. (…) Nous devons inventer un monde nouveau et lutter contre ces monstres», a déclaré lundi Gustavo Massiah, membre fondateur du FSM.
Les autorités ont «pris les mesures nécessaires» pour garantir la sécurité de cette manifestation, a précisé le coordinateur du comité d’organisation, Aberrahmen Hedhili. Dimanche soir, la Tunisie a été une nouvelle fois endeuillée par la mort d’un militaire dans l’explosion d’une mine à la frontière avec l’Algérie, une zone où les forces armées tentent depuis fin 2012 de neutraliser -sans succès pour l’instant- un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), actif dans les massifs montagneux et forestiers de la région.
L’attaque du Bardo, qui fait planer une menace sur le tourisme, secteur vital de l’économie, est la première à toucher des étrangers en Tunisie depuis l’attentat contre la synagogue de la Ghriba à Djerba en 2002. C’est aussi le premier revendiqué par l’EI, qui sévit dans d’autres pays arabes. Le chef du gouvernement tunisien a reconnu que les autorités avaient «négligé» pendant «un certain temps» la menace que représentent les jeunes partant se former aux armes ou combattre en Syrie et en Irak, mais aussi en Libye voisine, comme les deux assaillants du Bardo. «Ils reviennent aguerris et mieux formés et sont capables d’opérations comme celle (du 18 mars). C’est un problème sérieux», a-t-il remarqué.
Quelque 3 000 Tunisiens sont partis en Syrie en proie à la guerre civile et en Irak miné par l’instabilité. Des centaines se trouvent en Libye, pays livré aux milices, dans les rangs de groupe jihadistes comme l’EI, selon lui. Environ 500 seraient revenus en Tunisie.
AFP