Les Samedis Culturels de l’ADTF

« La musique classique tunisienne dans le prolongement de la musique Maghrébo-Andalouse »



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« Introduction sur l’histoire de la musique pour mieux expliciter la question des origines de la tradition musicale savante maghrébo-andalouse, en particulier celle ayant trait au Malouf tunisien ».

Samedi 7 mars 2015 de 15h à 17h30 Au 23, rue du Maroc 75019 Paris
Soyez nombreux pour échanger avec: Rachid Aous

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Tableau historique des sources de la musique savante maghrébo-andalouse

On pratiquait le chant et la musique des milliers d’années avant qu’ils ne soient l’objet de théories.

Élément de théorie musicale

« L’École de Pythagore se fixa vers 390 avant J. C. à Athènes. Elle se constitue, grâce à Platon, en un système exposant que “l’harmonie” est dans la nature comme dans l’âme humaine (les nombres sont les principes de toutes choses, la loi de l’univers). Cette École se scinde en deux tendances opposées : celle des “Canoniciens” faisant prévaloir le calcul quantitatif des intervalles et celle des “Harmoniciens” qui privilégiaient l’aspect qualitatif et psychologique (Aristoxène ), d’orientation plus empirique… On attribue à Pythagore la découverte de rapports fixes entre les longueurs des cordes qui donnent les éléments suivants : l’octave, la quinte ou la quarte, point de départ à la fois d’une vaste théorie mathématique et mystique, et dans laquelle s’inscrit la théorisation de la gamme diatonique naturelle et du comma dits pythagoriciens… Les éléments de ce système que forment par exemple les quintes qui se répètent (dans une spirale infinie) sont conformes aux données de la physique et de la psychologie ; ils sont donc d’origine plus ancienne à leur théorisation par Pythagore et ses disciples ».

Phase I. Un système musical commun à tous les peuples du Bassin méditerranéen

Considérations musicologiques sur les liens entre gamme naturelle de sons dite pythagoricienne, « l’univers modal des ‘Udistes d’Irak et l’exportation de celui-ci, de l’Orient araméen et arabo-musulman vers l’Occident Maghrébo-andalou. Ziryâb, réputé pour avoir développer une pratique musicale de l’École d’Irak , la transporte en Andalousie et au Maghreb, territoires baignant dans le même « univers modal ». Ces liens sont à analyser en vue d’une comparaison avec ce qui s’est produit en Orient, après l’adoption du 3/4 de ton ou tierce neutre, « médius de Zalzal ». C’est par une telle analyse historique et musicologique que l’on peut mieux comprendre les différences d’esthétiques mélodiques entre l’Orient arabo-musulman et l’Occident arabo-berbéro-musulman .

Phase II. La musique savante du Maghreb a pour origine la tradition du chant mésopotamien

Preuves scientifiques et historiques suivantes : a) par l’étymologie du mot muwashshah ; b) par l’analyse des structures poétiques : la qasîda monorime et la poésie syllabique muwashshah zadjal, qûma, etc.; c) par l’étymologie du nom de Ziryâb ; d) par l’étude critique de chroniques historiques ; e) par la comparaison des échelles musicales prégnantes en Orient et en Occident arabo-musulmans (voir Phase I) ; f) par analogie étymologique portant sur d’autres mots que muwashshah : zadjal, qûma, etc.

Phase III. L’empreinte du Maghreb

Cette empreinte est inscrite d’abord dans les corpus de poèmes chantés, puis dans des rythmes spécifiques et une métrique propre à la poésie chantée dans les genres Hawzi et ‘Arûbi . S’y ajoutent les éléments d’histoire encadrant l’élaboration de l’architecture mélodique maghrébo-andalouse :
a) occupation de l’Espagne par des armées berbéro-arabo-musulmanes (juillet 711) ; b) première École de chant à Cordoue avec l’installation de Ziryâb, en cette ville, en 822, (voir Phase I) ; Le califat omeyyade d’Occident (929-1031) se construit dans une compétition et une opposition au califat abbasside, suite au massacre de la famille du dernier calife omeyyade d’Orient, à l’exception ‘Abd al-Rahmân 1er b. Mu‘âwiyya b. Marwân, premier émir d’al-Andalous (756-788) ; c) les Almoravides (al-Murâbitûn), 1056-1146, et les Almohades (al-Muwahhidûn), 1129-1268, marquent de leur empreinte le Maghreb et l’Andalousie ; d) Ibn Quzmân (1087-1160) légitime la poésie en langue arabe vernaculaire face aux orthodoxes défendant l’arabe littéraire exclusivement. Dans cette longue période, deux points d’histoire culturelle sont à distinguer, car ils sont riches d’un enseignement multi dimentionnel, dont l’appriopriation permet de mieux aiguiser un esprit créatif capable de contribuer à la solution de problèmes contemporains, sociétaux et politiques :

1- Le muwashshah, poésie strophique arabe, prend naissance et s’enracine en Andalousie qu’après le XIe s. sous les Almoravides et Almohades.

2- Ibn Rushd, Averroes (1126-1198), défend la compatibilité du principe de la double vérité : la vérité de la foi et la vérité de la raison. L’analyse théologique et philosophique qu’il en fait parvient au-delà des frontières de l’Islam ; elle bouleversa davantage le monde universitaire européen des XIIIe et XIVe siècles. Celui-ci se divisa entre « Averroistes » et « anti-Averroistes ». Comme pour le muwashshah, cette pensée est élaborée sous les Almoravides et les Almohades, cf. chapitres : I et III .


« Rachid Aous, Éditeur à Paris. Exilé en France depuis 1979, il se spécialise en ethnomusicologie maghrébine dans le but de valoriser le patrimoine culturel spécifique du Maghreb. Principales publications : Les grands maîtres algériens du Cha‘bi et du Hawzi (1996) ; Cédérom de la musique savante maghrébo-andalouse (1999) ; Aux origines du déclin de la Civilisation arabo-musulmane ou les sources du sous-développement en Terres d’Islam (2009) ».
Déclin arabo-musulman ; Monde berbéro-musulman ; Andalousie musulmane ; Maghreb ; Cha‘bi-Malhûn ; Enseignement académique de nos langues maternelles ; Laïcité ; Culture judéo-arabe…
Association des Démocratique des Tunisiens en France (ADTF)
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