Association des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie

Lettre ouverte au Président de la République tunisienne.

Excellence Monsieur Moncef Marzouki, Président de la République tunisienne, défenseur des droits de l’homme, nous vous prenons vous et le brave peuple tunisien pour témoins.

Considérant la grande amitié liant la Tunisie à ses pays frères et amis du continent africain, considérant la grande culture de paix et d’hospitalité de la Tunisie, considérant que la Tunisie est un pays musulman et que l’hospitalité figure parmi les vertus de l’Islam, considérant que les préceptes du Saint Coran prônent l’accueil et la protection des étrangers, que le prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) était connu pour sa grande hospitalité, nous, Associations des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie (AESAT), ne comprenons ni comment, ni pourquoi, les étrangers et particulièrement les étudiants en provenance des pays d’Afrique subsaharienne font l’objet de tant de persécutions et d’intolérance sans que les autorités publiques ne prennent leurs responsabilités.

Monsieur le Président, en ces moments de crise, d’instabilité et de difficulté, nous ne comprenons pas pourquoi les amis de toujours du peuple tunisien, ces amis qui sont restés malgré tout aux côtés de ce peuple avant, pendant et aux lendemains de la révolution tunisienne, sont aujourd’hui l’objet de si peu de considération et d’humanité. Nous avons encore plus de mal à comprendre pourquoi ces étudiants qui ont choisi par amour la Tunisie comme destination d’étude subissent de la part de certaines administrations autant d’injustices que cette lettre ne suffirait pour vous l’exprimer.

Nous comprenons encore moins que vous, Excellence Monsieur le Président de la République, militant des premières heures et défenseur des droits de l’homme, restiez silencieux face aux nombreuses atteintes aux libertés individuelles, aux droits de l’homme et aux droits économiques et sociaux des migrants.

Monsieur le Président de la République tunisienne, chef de l’Etat, vous qui avez juré, par Dieu tout-puissant, de sauvegarder l’indépendance de la patrie et l’intégrité de son territoire, de préserver son régime républicain, de respecter la loi constitutive portant organisation provisoire des pouvoirs publics, de veiller scrupuleusement sur les intérêts de la Nation et de garantir l’établissement d’un État de droit et des institutions, par fidélité aux martyrs et aux sacrifices des Tunisiens, toutes générations confondues et en concrétisation des objectifs de la révolution, ne pensez vous pas que la sauvegarde et la protection des amis et des invités de la Tunisie fassent partie de vos prérogatives ?
Monsieur le Président, il en va à notre avis non seulement de vos prérogatives mais également de votre devoir, sachant le souffle que les nombreux étudiants en provenance d’Afrique subsaharienne apportent à l’économie tunisienne d’une façon générale, au secteur de l’éducation privée en particulier et également au renforcement du partenariat économique avec les autres Etats africains.

Monsieur le Président, souvenez-vous l’accueil chaleureux qui vous a été réservé à vous et à votre homologue sa Majesté le Roi Mohamed VI du Maroc par son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali. Pensez-vous que la chaleur de cet accueil restera éternellement intacte face à la froideur que nous ressentons de la part de certaines de vos administrations ?

Les lenteurs et les difficultés liées au traitement et à la délivrance des cartes de séjour avec toutes les difficultés et désagréments inhérents, la disproportion des contrôles et interpellations -désormais même à domicile-, les difficultés, les violences physiques et/ou verbales et les agressions sexuelles dont certaines étudiantes sont l’objet sans pouvoir compter sur l’appui et l’assistance des autorités publiques, les discriminations, le racisme ambiant qui selon certains officiels n’existerait pas en Tunisie, sont autant de facteurs qui ont pour conséquence un légitime sentiment d’insécurité et de malaise au sein de cette Tunisie qui pourtant nous a ouvert ses bras.

Nous rendons hommage au Ministre tunisien de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique qui jusqu’ici nous a témoigné une écoute et une assistance inconditionnelle dans la mesure de ses compétences. Cependant, il semblerait que malgré toute sa bonne volonté, nous constatons avec une très forte amertume, que nos difficultés loin de s’améliorer, bien au contraire, s’amplifient lourdement. Récemment, la Direction Générale des Affaires Politiques, Economiques et de la Coopération pour l’Afrique et l’Union Africaine du Ministère des Affaires Étrangères s’est engagée et a entamé des démarches dans le sens de la résolution de ces difficultés. Cependant, les efforts de ces ministères sont limités par le manque de bonne de volonté et d’engagement de la part des autres administrations.

Monsieur le Président de la République, en plus des administrations précitées, nous avons adressé officiellement des courriers au Secrétariat d’État chargé aux migrations et aux Tunisiens de l’étranger, au Ministère des Affaires sociales sans aucun retour ni favorable, ni défavorable. Par ailleurs, nous n’avons pas manqué d’attirer à plusieurs reprises l’attention du Ministère de l’Intérieur à travers des communiqués de presse et des courriers formels sans pour autant avoir eu la possibilité de rencontrer un agent de ce ministère pour engager des discussions et soumettre nos propositions.

Monsieur le Président, éminent défenseur des droits de l’homme que vous êtes, nous profitons de cette occasion pour saluer les très rares associations qui ont daigné répondre favorablement à nos sollicitations même si ces associations ne sont ni les plus connues, ni les plus grandes.

Enfin, Excellence Monsieur Moncef Marzouki, Président de la République tunisienne, défenseur des droits de l’homme, c’est avec un fort sentiment de négligence et d’abandon que nous nous adressons à vous en tant qu’ultime recours et ceci en prenant le peuple tunisien pour témoin.

Qu’il nous soit permis de dire, fort de notre statut de digne ambassadeurs de la Tunisie dans nos pays respectifs, que nous nous ferons un devoir de mémoire de la façon dont nous avons été traités en temps qu’invités du grand peuple tunisien.

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