Tunisie: Lettre ouverte aux élus de l’assemblée constituante

Paris le 21 novembre 2011

Mesdames et Messieurs les élus de l’Assemblée Constituante,
Nous, associations, partis politiques, Tunisiennes et Tunisiens résident(e)s en France et signataires de la présente lettre, tenons en ce jour de séance inaugurale de l’Assemblée Nationale Constituante, d’abord à féliciter le peuple tunisien pour avoir élu sa première assemblée constituante, ensuite à vous exprimer notre compréhension de la lourde mission qui vous incombe à savoir la rédaction d’une constitution démocratique répondant aux attentes du peuple, nous demandons enfin que la voix de la société civile soit prise en compte lors de vos débats, pour la construction de la Tunisie de la liberté, de la justice et de la dignité pour laquelle tant d’hommes et de femmes ont lutté et sont tombés.

En ce sens, nous exigeons que la nouvelle constitution instaure effectivement une république démocratique civile et égalitaire dotée de nouvelles institutions fortes, séparant les pouvoirs et séparant les deux sphères politique et religieuse.

Conformément aux revendications de la révolution, nous exigeons que soient inscrites dans cette constitution la justice sociale, l’égalité et l’équité régionales, l’égalité en droits et en devoirs entre tous les Citoyens. Le recours à la torture et aux châtiments inhumains, cruels ou dégradants, comme la peine de mort, doivent être proscrits à jamais. Nous exigeons que soit proclamé dans cette constitution l’égalité entre les femmes et les hommes devant et de par la loi, que soient garantis le droit à un procès équitable et les droits de la défense pour tous les Tunisiens qu’ils soient sur le sol national ou bien à l’étranger.

Nous exigeons que soit inscrite, dans la constitution, sans ambigüité, la liberté sous toutes ses formes : la liberté de pensée et d’opinion, la liberté de culte et de conscience, la liberté d’association, la liberté de réunion, la liberté de circulation, la liberté de communication des pensées et opinions, la liberté de la presse et des médias, ainsi que les libertés politiques et syndicales ; nul ne pourra être détenu arbitrairement, et le droit au respect de la vie privée et au secret des correspondances doit être garanti. Nous exigeons par ailleurs que la nouvelle constitution reconnaisse le droit au travail, le droit à l’éducation, le droit au logement digne et le droit à la santé. Nous exigeons enfin que les droits de l’enfant soient garantis.

Nous, Tunisiennes et Tunisiens résidents en France, rappelons que nous avons longtemps été des oubliés de la république et exigeons que notre droit à participer aux échéances électorales nationales et à être représentés dans une instance permanente soit inscrit dans notre future constitution.

Mesdames et Messieurs les élus, notre histoire récente a été une histoire d’abus et de violations de nos libertés les plus élémentaires. Aussi nous, Citoyennes et Citoyens tunisiens, exigeons que dans la constitution que vous vous apprêtez à écrire, les droits et libertés fondamentaux de la personne soient placés au-dessus des droits de l’Etat et de la société.

Nous vous prions de croire, Mesdames et Messieurs les élus, à l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Vive la Tunisie ! Vive le peuple tunisien !

Associations et Partis signataires :

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