Manifestation de l’UGTT
DÉCLARATION
DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE NATIONALE
Réunis le 4 janvier 2011, sous la présidence du Camarade Abdesslem JRAD, Secrétaire Général,
Après avoir examiné les événements douloureux qu’on connus les régions de Sidi Bouzid, Kasserine et certaines autres régions, événements faisant suite à des mouvements spontanés des populations dont le point de départ est la revendication du droit au travail,
– Conscients du rôle national et social de l’UGTT et sa contribution dans l’élaboration de meilleures perspectives de développement dans le pays,
1/- Les membres de la commission administrative nationale mettent en relief les différentes déclarations syndicales et la déclaration du Bureau exécutif datée du 28 décembre 2010 relatifs aux conceptions, principes et fondements du développement durable tels que stipulés dans les motions des instances syndicales de décision, à l’échelle centrale, régionale et sectorielle. Ces principes et recommandations se rapportant à l’emploi et aux relations professionnelles ont été élaborés par l’UGTT suite à des séminaires et sur la base d’études réalisées par ses différents départements, et appellent à un modèle de développement qui répond aux besoins essentiels, se fonde sur l’égalité et l’équilibre entre les régions et dans lequel il incombe à l’Etat et au secteur public d’assumer leur fonction d’investisseurs dès lors que le secteur privé se défait de s’implanter dans ces régions prioritaires en dépit des avantages financiers, fiscaux et sociaux dont il bénéficie,
2/- Expriment leur solidarité avec les populations de Sidi Bouzid et avec l’ensemble des régions intérieures dans leur revendication légitime d’un meilleur vécu et d’un modèle de développement garantissant l’égalité des chances, le droit à un travail décent et d’opportunités d’embauche qui leur procurent un revenu stable à même de leur permettre de subvenir à leurs besoins. Ils appellent également à une intervention urgente en vue de réparer les dégâts matériels occasionnés dans la région de Sidi Bouzid,
3/- Soulignent la nécessité d’accorder aux représentants de l’UGTT la qualité de membres permanents au sein des conseils régionaux de l’emploi et des commissions locales de l’emploi et renouvellent leur demande de création d’une caisse d’assurance chômage qui protège les travailleurs licenciés à la suite de la perte de leurs postes d’emploi résultant des transformations économiques dont l’aspect le plus saillant est la politique de privatisation des entreprises publiques,
4/- Expriment leur mécontentement face au blocus des locaux des unions régionales et locales de l’UGTT et face aux affrontements violents dont les syndicalistes locaux et régionaux ont été la cible suite à leur mouvement pacifique de soutien,
5/- Appellent à la libération des personnes arrêtées, à l’annulation des poursuites à leur encontre ainsi qu’à la levée du blocus sécuritaire à Sidi Bouzid et dans les autres régions et au 2
recours au dialogue en tant que mécanisme approprié dans le traitement de toutes formes de mouvements,
6/- Expriment leur solidarité avec les familles des victimes et demandent d’engager des poursuites à l’encontre de toute personne dont la culpabilité aura été établie dans la mort des victimes innocentes,
7/- Soutiennent les avocats et l’ensemble des composantes de la société civile qui ont été solidaires avec les habitants de Sidi Bouzid dans leur mouvement spontané revendiquant l’amélioration de leur niveau de vie et la création de projets sociaux dans la région de manière à leur garantir une vie décente,
8/- Expriment leur mécontentement face à l’absence d’informations nationales et de couverture médiatique des événements, ce qui a conduit à un déficit informationnel, appellent à une refonte du paysage médiatique national de manière à donner une information pertinente et objective dans le traitement des questions politiques, économiques et sociales,
Dans ce cadre, les membres de la commission administrative nationale appellent également à identifier, par le biais d’une information crédible et transparente, les aspects de mauvaise gestion et de mettre à nu et les pratiques qui sont en contradiction flagrante avec les valeurs de justice, de liberté et d’égalité et qui violent les droits civils, les droits de l’homme et affectent les institutions de la société civile.
9/- Appellent à des réformes politiques fondées sur la promotion de la démocratie et la consolidation des libertés ainsi que la dynamisation du rôle de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme en tant qu’acquis national important eu égard à sa mission de consacrer l’Etat de droit et des institutions et soulignent la nécessité de permettre à la Ligue de tenir son Congrès dans le cadre du respect de son autonomie de décision,
10/- Considèrent que la négociation constitue un droit légitime à l’échelle tant internationale que nationale et que le droit de grève est au centre des droits et libertés syndicaux. Ils appellent aussi l’autorité de tutelle d’engager un dialogue sérieux et constructif avec les syndicats de l’enseignement et de l’éducation et des autres secteurs s’y rattachant, de donner des réponses favorables à leurs revendications décidées par leurs commissions administratives respectives de manière à instaurer un climat social stable tout en réaffirmant l’importance du dialogue social pour circonscrire les problèmes.
Ils demandent, enfin, de rétablir les travailleurs licenciés du bassin minier dans leur droit en les réinsérant dans leurs postes de travail et ce pour éradiquer tout facteur nuisible à la paix sociale.
Vive l’Union Générale Tunisienne du Travail
Libre, démocratique et militante
Abdessalem JRAD
Secrétaire Général
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Samedi 08/01/2011
Un nouveau marchand ambulant s’est immolé par le feu,
samedi 8 janvier, à Sidi Bouzid, en Tunisie. Agé de 50 ans, Moncef Ben K., marié et père de famille, s’est aspergé d’essence alors que se tenait le marché de la ville. Il a été emmené en ambulance et son état est jugé grave.
Au même endroit, à Sidi Bouzid, capitale agricole située au coeur de la Tunisie, un vendeur de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’était immolé par le feu le 17 décembre avant de décéder le 4 janvier. Son geste de désespoir a provoqué une vague de contestation et de manifestations contre le chômage et la cherté de la vie sans précédent depuis vingt ans dans tout le pays.
Depuis la mi- décembre, plusieurs autres cas de suicides ont été signalés. Samedi, la ville de Metlaoui, dans la région minière de Gafsa, enterrait un jeune qui s’était également immolé par le feu.
Lors d’un rassemblement public organisé samedi à Tunis, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), centrale syndicale unique, a apporté son appui aux revendications « légitimes » des manifestations de Sidi Bouzid et d’ailleurs. « Nous soutenons les revendications de la population de Sidi Bouzid et des régions intérieures, l’UGTT ne peut être qu’avec ce mouvement, derrière ceux qui sont dans le besoin et qui demandent des emplois », a déclaré Abid Brigui, le secrétaire général adjoint de l’UGTT, s’adressant à la foule depuis les locaux de la centrale, sur la place Mohamed Ali.
« Il est contre nature de condamner ce mouvement, il n’est pas normal d’y répondre par des balles », a-t-il lancé sous les applaudissements, en appelant au « dialogue avec les jeunes ». Deux personnes ont été tuées par balles lors d’affrontements avec la police depuis la mi-décembre. Trois autres personnes ont été blessées par armes à feu au cours de nouveaux heurts avec la police à Regueb et Saïda, près de Sidi Bouzid, vendredi.
A Tunis, quelques centaines de personnes strictement encadrées par des centaines de policiers en civil et des unités anti-émeutes, ont observé une minute de silence à « la mémoire des martyrs » du mouvement social.
Isabelle Mandraud
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Affrontements à Sidi Bourouis Des affrontements ont eu lieu hier 07 janvier à Sidi Bourouis (Région de Siliana). Le local de l’Union locale des agriculteurs a été incendié.
Un portrait du Président ben Ali a été détruit en public (vidéo facebook ci-joint)
http://www.facebook.com/video/video.php?v=174365029266230&oid=165839746794472&comments
De plus en plus inquiétant :
La police tunisienne cible la jeunesse engagée dans la scène artistique, médiatique et politique autonome
Liste Actualisée
Le 6 janvier 2011, trois blogueurs ont été interpellés à leur domicile par la police tunisienne et conduits dans les locaux du ministère de l’intérieur. Leur crime : avoir manifesté publiquement leur attachement à la liberté d’expression.
Il s’agit de :
-Slim Amamou, ingénieur informatique, chef d’entreprise, cinéaste amateur, marié, père d’un enfant, 33 ans,
-Azyz Amamy, développeur informatique, poète, 27 ans ;
– Hamada Ben-Amor, surnommé “El Général”, rappeur.
-Hamadi Kaloutcha blogueur et militant
Ces quatre jeunes cyber-militants tunisiens luttent depuis plus d’une année contre la censure des réseaux et sites internet, des blogs et des sites de partage de vidéo (youtube, dailymotion, wat.tv, etc.), ainsi que l’espionnage des mails des internautes tunisiens.
Ils ont choisi des formes de protestation citoyenne, pacifiques et originales, allant des flash mobs aux fameuses opérations « N’har 3la Ammar 1 » qui ont pour but de dénoncer la censure du Net par le gouvernement tunisien, en appelant à des manifestations un peu partout dans le monde, dont celle de Tunis qui a été interdite le 22 mai 2010.
L’opération « N’har 3la Ammar 2 » a consisté à publier des vidéos d’internautes lisant des lettres adressées aux députés du Parlement tunisien, appelant à la levée immédiate de la censure sur le web.
A la suite de ces deux opérations, d’autres jeunes cybermilitants les ont rejoints et ont fondé, fin 2010, le Parti pirate tunisien afin d’organiser les campagnes de dénonciation de la censure du Net. Ils ont été très actifs lors des dernières protestations populaires qui ont suivi les émeutes de Sidi-Bouzid, en relayant notamment l’information libre sur les événements.
D’autres militants ont également été arrêtés par un pouvoir despotique aux abois qui intensifie une répression cruelle depuis que le peuple tunisien a manifesté sa colère contre un régime fondé sur l’arbitraire et la corruption.
Ainsi, Wissem Essghaier, responsable de la page Jeunesse du journal Al-Mawkef et animateur des « Jeunes Démocrates Progressistes », a été arrêté l’après-midi du 07 janvier 2011 devant le Conservatoire National de Musique.
Salaheddine Ben Mohammed KICHK, 26 ans, a été enlevé de son domicile à Bizerte et emmené jeudi 6 Ils ont saisi l’unité centrale de son ordinateur et des disques laser. Salaheddine Ben Mohammed. Il est connu pour son militantisme au sein de l’Union Générale des Étudiants de Tunisie.
Ouael Naouar, dirigeant de l’union générale des étudiants de Tunisie à la faculté de Lettres à Sousse, a été arrêté le 6 janvier alors qu’il avait la jambe fracturée suite aux affrontements avec la police, il a été différé hier devant le juge d’instruction sans avoir le droit d’être assisté par ses avocats.
Et plusieurs jeunes chômeurs, lycéens et étudiants ont été arrêtés ces derniers jours dans plusieurs villes tunisiennes et dont la liste exhaustive n’est pas encore disponible.
Nous appelons à leur libération immédiate, ainsi que tous les prisonniers d’opinion en Tunisie et à l’instauration d’un État de droit garantissant la liberté d’expression et le pluralisme politique.
NOUS EXIGEONS LA LIBÉRATION DES JEUNES BLOGUEURS, ARTISTES ET JOURNALISTES TUNISIENS ARRÊTÉS
NOUS APPELONS A UNE FORTE MOBILISATION POUR LES SOUTENIR