LES POURSUITES JUDICIAIRES CONTRE ALIMA
BOUMEDIENE-THIERY ET SES COMPAGNONS :
« UNE FORFAITURE SANS NOM », ESTIME
CHRISTINE DELPHY
Publié le 30-09-2010
Christine Delphy, auteur, chercheuse au CNRS, fondatrice et directrice de la revue « Nouvelles questions feministes », s’indigne des attaques contre Alima Boumediene-Thiery et tous ceux qui participent comme elle a la campagne BDS.
Alima Boumedienne-Thiery est l’une des rares membres du Parlement, en France, dont l’action soit depuis des années, de façon constante et déterminée, orientée vers la défense des droits humains fondamentaux ; on l’a vue et on la voit dans toutes les luttes où la liberté est brimée, où la dignité humaine est bafouée. Et c’est bien la liberté et la dignité, et d’abord le droit de vivre des êtres humains qu’elle défend en participant à la campagn BDS : Boycott, Désinvestissement, Sanctions.
Cette campagne n’est pas menée au nom d’une religion, ni d’une ethnie, elle n’est pas menée contre un peuple au détriment d’un autre. Elle est menée au nom du droit des Palestiniens à vivre en paix sur la terre que les décisions de l’ONU ont reconnue comme la leur depuis 1967. Ce droit est bafoué, car cette terre est occupée. Leur droit à la paix est bafoué par les incursions incessantes de l’armée israélienne dans leurs villes et villages,
par l’impossibilité qui leur est faite de se déplacer, de mener une vie de famille normale.
Leur droit à vivre est bafoué par le fait que l’Etat israélien organise ou permet que des colons israéliens bâtissent des colonies sur leurs terres, les privent d’eau, arrachent leurs arbres, et finalement vendent les légumes et les fruits cultivés sur cette terre volée comme
s’ils étaient les leurs, en bénéficiant des tarifs douaniers bas consentis à l’Etat d’Israel par l’Europe.
C’est contre ces pratiques, qui à l’occupation ajoutent la colonisation, et à la colonisation l’exploitation économique, que le Boycott est organisé. Prétendre que cette campagne incite à la haine raciale est un retournement pervers, quand ce sont les Palestiniens qui sont
l’objet d’une persécution aux mille visages, et sans fin.
Le droit des Palestiniens, pour bafouer qu’il soit, existe cependant ; le défendre est un
devoir pour tous les citoyens du monde entier qui se soucient de l’humanité. C’est ce que
fait Alima Boumedienne-Thiery, parce qu’elle prend ce devoir au sérieux.
L’attaquer, ainsi que ses compagnons, en justice parce qu’elle s’élève contre une occupation, une colonisation, une exploitation que tous les traités internationaux condamnent, parce qu’elle lutte avec la seule force d’une indignation qui est de plus en plus partagée par le peuple français, contre une persécution d’Etat à laquelle les autres Etats auraient dû mettre fin depuis longtemps, cela est une forfaiture sans nom.
Christine Delphy