Algerie: L’assassinat de Ali Tounsi directeur de la police

Le directeur général de la sûreté nationale a été assassiné par balles par son propre « collègue », un haut cadre de la police, chef de l’unité de surveillance aérienne de la sûreté nationale qui a retourné par la suite son arme contre lui en se blessant grièvement, selon la version officielle

Assassinat de Ali Tounsi :

Le directeur général de la sûreté nationale a été assassiné par balles par son propre « collègue », un haut cadre de la police, chef de l’unité de surveillance aérienne de la sûreté nationale qui a retourné par la suite son arme contre lui en se blessant grièvement, selon la version officielle

Lu dans la presse étrangère
par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 27 février 2010

L’assassinat de Ali Tounsi a été largement repris par la presse internationale, qui s’interrogeait sur les circonstances politiques dans lesquelles est intervenu ce terrible événement. Autant dans la presse francophone qu’anglophone, la mort subite de celui qui a réorganisé la police nationale et l’a modernisé, a été largement commentée.

Le Wall Street Journal, la Bible des milieux de la finance internationale, rapporte l’assassinat de M.Tounsi, tout en mettant en exergue les circonstances dans lesquelles est intervenu son assassinat, notamment avec le scandale qui éclabousse Sonatrach. La presse française n’est pas en reste, et a réservé de larges espaces à la disparition d’un homme qui a été « le héros de la lutte antiterroriste », et qui s’est employé à faire de la police « la cheville ouvrière de la lutte contre le terrorisme, notamment dans les zones urbaines». Sous sa houlette, précisent plusieurs titres de la presse française, la police algérienne a mis en place un important dispositif de sécurisation de la capitale et de ses environs après les attentats suicides perpétrés à l’aide de voitures piégées à Alger en avril et décembre 2007 par la branche maghrébine d’Al Qaida». La capitale, qui n’a pas enregistré d’attentat islamiste depuis plus de deux ans, compte environ 3,5 millions d’habitants. « Le chef de la police prévoyait de porter les effectifs de ses forces à 200.000 à fin 2010 contre 140.000 fin 2007, et la police compte quelque 9.000 femmes, soit 7,8 % des effectifs », relève la presse de l’Hexagone. « Crise de démence ou règlement de comptes, les tensions se multiplient au sommet du pouvoir », titre Le Figaro, journal des milieux financiers et de la droite française. Le Figaro, qui reprend le communiqué officiel du ministère de l’intérieur, relève que durant sa longue carrière, Ali Tounsi ne s’est pas fait que des amis. Personnage aussi puissant que controversé, cet ancien officier de la Sécurité militaire s’est retrouvé maintes fois au centre des jeux d’influence du pouvoir algérien. En septembre 2009, il confiait à des journalistes que ses services, éclaboussés par des scandales de corruption et des bavures à répétition, étaient « la cible d’une conspiration ». Et, ajoute le même quotidien, paradoxalement, cet homme de l’ombre avait manifesté une volonté de transparence peu commune, qui jurait avec la traditionnelle langue de bois. Alors que le discours officiel minimisait l’importance du terrorisme résiduel au nom de la réconciliation nationale, il n’hésitait pas à jouer les trouble-fête en appelant à « la vigilance contre la bête immonde ». « Depuis quelques mois, ses démêlés avec le ministre de l’Intérieur », Yazid Zerhouni, son ancien camarade des services dans les années 1970, s’étalaient dans la presse. Au-delà des susceptibilités de préséance, les deux hommes étaient, dit-on, à couteaux tirés pour le contrôle réel de la police. Un corps dont les effectifs sont passés de 120 000 éléments en 2005 à 200 000 en 2009, avec un taux appréciable de féminisation, malgré les pesanteurs de l’intégrisme et des traditions. Depuis que le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) s’est attaqué aux « hommes du président » impliqués dans des affaires de corruption, notamment les dirigeants de Sonatrach incarcérés ou placés sous contrôle judiciaire, les salons algérois bruissent de rumeurs sur une fracture au sommet de l’État.

« Yazid Zerhouni joue pour le camp du président Bouteflika, alors qu’Ali Tounsi est resté fidèle au général Tewfik Médiène, patron du DRS », poursuit encore Le Figaro qui estime que « l’assassinat du chef de la police, sur fond de crise latente dans le sérail, pourrait annoncer d’autres secousses ». Pour le Journal du Dimanche (JDD), le climat n’était pas au beau fixe entre (Ali Tounsi et son assassin). Une querelle avait apparemment déjà opposé Ali Tounsi et son agresseur. Jeudi, «l’homme n’était pas content, il a sorti son pistolet et a tiré», selon des témoignages anonymes que reprend JDD. Des policiers présents sur les lieux de la fusillade ont tenté de riposter. Sans succès. Un important dispositif de sécurité a été mis en place autour du siège de la police.» Toute la presse française, qui a réservé une large place à la mort de Ali Tounsi, revient également sur les mobiles de son assassinat, en reprenant des informations données par la presse algérienne. Pour Le Nouvel Observateur, plusieurs journaux ont indiqué jeudi qu’une enquête ordonnée récemment par Ali Tounsi sur des contrats passés avec des fournisseurs de pièces de rechange d’hélicoptères et de matériels informatique avait révélé l’implication de l’auteur de cet assassinat dans «des transactions douteuses». «L’auteur des coups de feu n’a pas accepté les conclusions de cette enquête et n’était pas prêt à se soumettre à une quelconque sanction administrative ou à faire l’objet de poursuites judiciaires. Il est passé à l’acte après avoir eu vent de son prochain limogeage». Bref, l’assassinat du Directeur général de la Sûreté Nationale constitue l’un des sujets les plus abordés jeudi et vendredi par la presse internationale, arabe et française notamment qui s’interrogeaient sur les grilles de lectures à donner à ce meurtre, au moment où des enquêtes sur des soupçons de corruption sont menées par les services de sécurité.

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