Italie: 700 étrangers ont été évacués vers Crotone et Bari

afp-photo-233887.jpgEnviron 700 étrangers ont déjà quitté samedi la ville de Rosarno après des violences, notamment une « chasse à l’homme » contre des immigrés, qui ont fait 67 blessés dans cette localité de Calabre (sud de l’Italie), tandis que 200 autres se préparent au départ.

« Environ 700 étrangers ont été évacués vers Crotone et Bari », deux autres villes du sud de l’Italie, « et 200 immigrés supplémentaires partiront dans le courant de la nuit », a déclaré à l’AFP le préfet de police Mario Morcone, tout en précisant que « la situation revient lentement à la normale ».

Signes du retour au calme, les barricades érigées par la population ont été levées, l’occupation de la mairie par des habitants a pris fin et les magasins ont ouvert dans la matinée.

Rosarno a été le théâtre jeudi de violentes manifestations d’immigrés protestant contre des agressions dont certains d’entre eux avaient été la cible: elles avaient été marquées par des heurts avec la police, et suivies, le lendemain, d’exactions de la population à leur encontre.

Pour faire face à ces tensions, le chef de la police italienne Antonio Manganelli avait annoncé dès vendredi soir l’envoi d’un « important contingent de policiers » en renfort, plus de 200 selon la presse.

Le dernier bilan des violences à Rosarno et dans ses environs depuis jeudi est de 67 blessés, à savoir 31 étrangers, 19 policiers et 17 habitants italiens de cette petite ville de 15.000 âmes.

La majorité n’ont subi que des contusions ou des blessures légères. Mais six immigrés sont encore hospitalisés, parmi lesquels deux grièvement blessés vendredi soir à coups de barres de fer.

Les incidents ont débuté à Rosarno après une manifestation jeudi soir de plusieurs centaines d’ouvriers agricoles immigrés -pour la plupart employés illégalement dans la région- qui protestaient contre des tirs de fusil à air comprimé ayant visé plusieurs d’entre eux.

Les manifestants ont incendié des voitures et brisé des vitrines à coups de bâton et des affrontements se sont produits avec la police.

Vendredi, la population locale a cherché à se venger en procédant à une « chasse aux immigrés » au cours de laquelle plusieurs étrangers ont été blessés.

Samedi après-midi une manifestation de soutien en faveur des immigrés s’est déroulée à Rome, non loin du siège du ministère de l’Intérieur. Elle a donné lieu à des échauffourées entre policiers, dont un a été légèrement blessé par un jet de pierres, et manifestants qui tentaient de forcer un cordon de sécurité autour du bâtiment, a constaté un photographe de l’AFP.

Au cours de cette manifestation, les immigrés présents ont demandé la démission du ministre de l’Intérieur Roberto Maroni.

Selon la presse, au moins 4.000 immigrés sont employés, en général illégalement, chaque année à Rosarno pendant deux mois pour cueillir clémentines et mandarines.

Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés et le principal syndicat italien, la Cgil, ont dénoncé leurs « conditions de vie inhumaines: cabanes insalubres, sans eau, sans hygiène » et des « salaires de misère » (25 euros par jour).

Le rôle de la mafia a été montré du doigt. « La mafia qui contrôle le territoire, exploite les immigrés avec cynisme et une détermination impitoyable. Les cerveaux criminels savent que les immigrés clandestins ne peuvent même pas tenter de se rebeller car ils sont privés de documents d’identité et donc de la protection de l’Etat », a déclaré à La Stampa don Luigi Ciotti, un prêtre ayant fondé l’association antimafia Libera.

afp © 2010 AFP

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