Par Claire Villiers
Sifflons la fin d’un psychodrame aux relents douteux !
Qui dérape ? Supportrices et Supporters de la Tunisie qui soutiennent leur équipe en sifflant le symbole de l’équipe adverse ou celles et ceux qui attisent les ressentis et les haines par la violence et la démagogie de leurs propos ?
A-t-on seulement demandé aux supporters de la Tunisie, et avant eux aux supporters du Portugal, de l’Italie, de l’Algérie, du Maroc – pour la très grande majorité Français-e-s ou vivant-e-s en France – ou même de Bastia en finale de Coupe de France, les raisons de leurs sifflets ? Surtout pas ! Au risque d’apprendre qu’ils expriment ainsi leur exaspération d’une société qui ne tient pas ses promesses : une majorité d’entre eux supportait l’équipe de France « *black-blanc-beur* » de 1998.
Ce formidable élan n’a rien transformé : aujourd’hui encore, en 2008, chômage, inégalités, discriminations ethniques et raciales sont le quotidien de beaucoup de ces personnes vivant en France et pour l’immense majorité de nationalité Française (et pour cause !).
Comme le dit l’historien Sébastien Ledoux (Libération 13 Octobre), »
siffler la Marseillaise est l’expression d’un ressentiment réel à l’égard de la nation française accusée de ne pas avoir tenu ses promesses en matière de politique de la ville, d’intégration « .
Exaspération aussi contre une société qui refuse toujours à des hommes et des femmes vivant et travaillant dans ce pays le droit de voter et donc d’être des citoyennes et citoyens à part entière et pas entièrement à part.
Qui dérape, si ce n’est François Fillon qui ne se rend pas compte que ce
sont les discriminations et l’accroissement des inégalités qui sont
véritablement « insultantes pour la France », en plein XXIème siècle ?
Cette France qui n’assume pas les principes de sa propre Constitution :
droit à l’emploi, à des moyens convenables d’existence, à la dignité…
Qui dérape, si ce n’est Bernard Laporte qui, avec des formules aux
symboles qui pourraient rappeler la période coloniale, stigmatise les populations ayant des origines des trois pays du Maghreb en laissant entendre, avec des accents colonialistes caractérisés, qu’ils ne sont pas civilisés et qu’ils ne sont pas « sains » ?
Qui dérape si ce n’est le député des Yvelines Jacques Myard auquel il
faudrait expliquer que « les petits merdeux » des stades ont aussi droit au respect ?
Qui dérape si ce n’est le député UMP des Alpes-Maritimes Lionel Luca qui reprend des antiennes d’extrême-droite, enjoignant les supporters de la Tunisie de « faire leur valise pour réintégrer le pays de leurs origines » sans que personne de la majorité ne s’en démarque ? Pas même Jean-François Coppé, chef des députés UMP, qui refuse de condamner ces propos (7/9 de France-Inter, 16 octobre 2008) !
Que les démagogues de tout poil se taisent et que l’on s’affaire aux vrais problèmes de notre société, que la crise économique renforce et qui minent dangereusement le vivre-ensemble ! Que l’on cesse donc de jeter de l’huile sur le feu, avec ces discours extrémistes et ces incessants contrôles au faciès ! Que l’on agisse enfin pour concrétiser les aspirations à l’égalité et à la dignité qui animent le plus grand nombre ! Il en va de la démocratie.
Agir pour l’égalité et contre les discriminations, pour notamment renforcer la démocratie en Ile-de-France, tel est le sens de mon engagement quotidien au sein du Conseil Régional Ile-de-France.
Claire Villiers, Alternative Citoyenne et Vice-Présidente du Conseil
Régional Ile-de-France