Nil’in, à la pointe de la lutte non violente contre le mur d’apartheid

Comité populaire de Nil’in,

Les autorités israéliennes « veulent envoyer un message : résister à la construction du mur ne nous vaudra que souffrances et dommages. Mais leur politique va accroître notre détermination à empêcher l’érection de ce mur raciste ».

Le village de Nil’in, au nord ouest de Ramallah en Cisjordanie occupée, (5.000 habitants, proche de Bil’in dont la lutte non violente contre le mur d’annexion israélien est exemplaire depuis trois ans) est en lutte depuis plus d’un mois contre la construction du Mur qui vole ses terres.

La lutte des habitants de Nil’in est déterminée et massive et des manifestations y ont lieu chaque semaine avec l’aide d’Internationaux et Israéliens comme à Bil’in, Um Salamuna (près de Btehléem), ou précedemment Jayyouz, Budrus etc.

Ils ont réussi à interrompre les travaux la semaine dernière en s’opposant aux bulldozers et autres camions de l’armée à coups de pierres bien ajustés.

Les militaires israéliens furieux ont décrété le 4 juillet un couvre-feu total, coupant le village du monde extérieur : pas de médicaments, pas de soins, pas de nourriture…

Les villages voisins, des militants de Bil’in notamment, ont appelé à soutenir Nil’in.

Ainsi les gens de Budrus ont organisé une manifestation jusqu’à Nil’in, comme on le voit sur la vidéo :

D’autres manifestations ont eu lieu et comme d’habitude la répression israélienne a été violente.

Selon des habitants qui ont parlé aux médias, les « soldats israéliens ont fait usage de balles réelles, de grenades à percussion et de gaz lacrymogènes pour disperser de nouvelles manifestations contre l’ouvrage, jugé illégal il y a quatre ans par la Cour de justice internationale parce qu’il empiète sur une partie du territoire occupé.

Selon Aymane Nafi, maire de ce village de 5.000 habitants dont l’armée empêche les journalistes de s’approcher, un homme se trouvait lundi dans un état critique. D’autres villageois ont été atteints par des balles en caoutchouc lors d’une confrontation avec des soldats israéliens.

« Les soldats ont dans un premier temps utilisé les méthodes anti-émeutes mais lorsque les incidents se sont poursuivis, ils ont été autorisés à faire usage de balles réelles », a dit une porte-parole de l’armée israélienne.

Le maire de Nil’in a affirmé qu’aucune ambulance n’avait été autorisée à entrer dans le village pour en évacuer les blessés. L’armée israélienne a démenti.

La veille, une cinquantaine d’habitants de Nil’in avaient été intoxiqués ou blessés par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc.

Nafi a signalé par ailleurs un début de pénurie de légumes, de produits laitiers et de médicaments, la pharmacie locale ayant dû garder son rideau baissé.

« Ils veulent envoyer un message : résister à la construction du mur ne nous vaudra que souffrances et dommages. Mais leur politique va accroître notre détermination à empêcher l’érection de ce mur raciste », a-t-il déclaré par téléphone. » Rebecca Harrison, Reuters [Version française Marc Delteil et Henri-Pierre André]

Le bouclage de Nil’in a été maintenu pendant quatre longs jours de couvre-feu, ce qui implique que les habitants ne sortent pas de chez eux sans risquer de se faire tirer dessus ou -au mieux- arrêter. L’armée israélienne a quitté le village le 8 juillet.

Certains médias ayant annoncé que ce départ avait été négocié contre promesse de mettre fin aux protestations des villageois, le Comité populaire de Nil’in contre le Mur d’Apartheid a publié le communiqué suivant :

« Le Comité qui représente la municipalité de Ni’lin, les partis politiques, les institutions et organisations de Nil’in, n’a pris part à aucune discussion avec les officiers de l’armée israélienne et n’a fait aucune promesse concernant un arrêt des protestations. Aucune discussion de cet ordre n’a eu lieu dans le village. Le Comité affirme que les villageois de Nil’in ne renonceront pas à leur droit de défendre leurs droits élémentaires, humains, économiques et sociaux. En conséquence ils ne renonceront pas à leur droit de protester contre la confiscation de leur terre.

Les habitants de Nil’in ne veulent pas non plus renoncer à leur droit de se lever contre la construction d’un mur que la Cour internationale de Justice a déclaré illégal [[<2> 9 juillet 2004. Pour marquer cette date, de nombreuses manifestations contre le Mur d’apartheid israélien ont eu lieu partout en Cisjordanie occupée.]].

Le village ne se tiendra pas tranquille ! Les manifestations organisées à Nil’in ont toujours été pacifiques, non violentes. A chaque fois les manifestants sans armes ont été contrés avec une force intense et une violence brutale par l’armée israélienne qui a blessé de nombreux manifestants palestiniens, internationaux et israéliens (souvent avant même d’arriver au site de construction du mur). Les soldats ont même attaqué et blessé des journalistes et du personnel médical.

Le Comité populaire voudrait attirer l’attention sur l’utilisation disproportionnée de la force par l’armée israélienne et la police des frontières depuis le début de la construction du mur à Nil’in (mai 2008) : 160 personnes ont été blessées par balles en caoutchouc [[<3> il s’agit en fait de balles enrobées de caoutchouc et extrêmement dangereuses]], dont des enfants. Des centaines de manifestants ont été violemment frappés, 26 personnes ont été arrêtées. Une ambulance du secours médical (PMRS) a été visée par des tirs. Le chauffeur a dénombré 18 impacts de balles sur le côté du véhicule dont deux vitres ont été fracassées.

De nombreux manifestants ont été intoxiqués par les gaz lacrymogènes tirés directement sur la foule. L’armée israélienne, qui a utilisé à plusieurs reprises des balles réelles, utilise une nouvelle machine qui leur permet de lancer 30 grenades lacrymogènes en même temps. Ils ont plusieurs fois envahi le village la nuit, après des manifestations, tirant des grenades lacrymogènes à l’intérieur des maisons.

Le couvre-feu imposé le 4 juillet n’est qu’une mesure de plus pour mettre un terme aux protestations et faire taire les gens de Nil’in qui ne font que défendre leurs terres et leurs vies, de façon non violente.

Le Comité populaire contre le mur d’Apartheid dénonce le couvre-feu et le siège de Nil’in qui ont causé des dégâts importants dans un village déjà étranglé par la construction du Mur.

Les gens de Nil’in demandent de l’aide locale, régionale et internationale pour maintenir la solidarité avec le village. Cette aide est absolument nécessaire. Le Comité en profite pour remercier tous ceux et celles qui ont pris part aux manifestations et toutes les personnes qui ont fait des efforts pour faire connaître la situation à Nil’in, contacter des personnalités politiques et attirer l’attention des médias internationaux ».

De nombreux internationaux sont présents à Nil’in et dans d’autres village en butte aux agressions de l’armée israélienne. Ainsi des missions civiles des CCIPPP se sont rendues à Nil’in.

Voir le site des Missions civiles, Protection Palestine.

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