Les revoltes populaires au Maghreb

Déclaration du Parti communiste français
11 juin 2008

MAGHREB: DES REVOLTES POPULAIRES
QUI APPELLENT DE PROFONDS CHANGEMENTS.

Le Parti communiste français exprime sa condamnation et sa grande inquiétude suite à la répression brutale des autorités tunisiennes contre des révoltes populaires qui secouent Gafsa et sa région depuis plusieurs mois. Le bilan de cette répression -1 jeune tué par la police et de nombreux blessés – suscite une grande indignation.

Cette révolte a été provoquée par de graves problèmes sociaux dans ce bassin minier marqué par un chômage à 30%, par une mobilisation populaire très forte et qui s’élargit contre la vie chère et les difficultés sociales.

Au Maroc, à Sidi Ifni, des événements dramatiques semblables se sont produits, et une violente répression s’est abattue sur les manifestants, notamment des jeunes chômeurs, pourchassés par les forces de l’ordre.

En Algérie, des scènes d’émeute se sont multipliées ces derniers mois et tout dernièrement à Oran mettant aux prises des forces de sécurité mobilisées massivement contre des jeunes issus des quartiers populaires.

Partout, des émeutes et des grèves éclatent alors que le renchérissement des produits de base accentue encore des difficultés sociales issues des problèmes permanents de l’emploi, des revenus du logement… Ces révoltes naissent aussi du rejet de la corruption et de l’autoritarisme, du sentiment profond d’injustice alors que les recettes pétrolières algériennes, par exemple, atteignent des records.

Cette situation qui touche l’ensemble du Maghreb témoigne de la crise profonde qui touche ces pays de plein fouet mais dans des contextes politiques différents.

Le Maghreb, à sa façon, est ainsi touché par des révoltes populaires qu’on a appelé en Afrique émeutes de la faim. Une telle évolution rappelle l’urgence de changements décisifs dans les relations internationales, dans les politiques des organisations internationales comme l’ OMC, le FMI, la Banque mondiale afin qu’une véritable contribution soit apportée aux attentes sociales et aux exigences du développement dans toutes ses dimensions.

La France et l’ Union européenne portent une lourde responsabilité. Il faut d’abord que soit brisé d’urgence le silence coupable qui règne face à toutes les politiques de répression et en particulier face aux exactions du régime policier tunisien qui vient de montrer une fois encore sa brutalité et son cynisme. Trop c’est trop. Les autorités françaises ne peuvent plus défendre ce régime indéfendable et infréquentable.

La France va présider l’ Union européenne à partir du 1er juillet avec un sommet le 13 pour lancer l’ Union pour la Méditerranée. Un bilan sérieux de l’échec du partenariat euro-méditerranéen doit être effectué. Ce partenariat fondé essentiellement sur l’établissement d’une zone de libre échange dans un esprit néo-libéral caractérisé n’a fait qu’aggraver les difficultés des pays du Maghreb. Et l’ Union européenne n’a engagé aucune initiative pour contribuer au règlement des conflits, notamment quant à la question de Palestine, mais aussi concernant le conflit du Sahara occidental.

Les révoltes populaires de Tunisie, du Maroc, d’Algérie imposent pour la France et pour l’Europe de sérieux changements dans les choix politiques, dans la conception même de la coopération et dans le mode de développement.

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