Des associations dénoncent la torture en Tunisie
comme « méthode de gouvernement »
Des associations tunisiennes ont dénoncé mardi à Paris la systématisation de la torture en Tunisie, « devenue méthode de gouvernement », à la veille du 20e anniversaire de l’accession au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali .
« La torture a toujours existé en Tunisie, mais elle est devenue quasiment systématique, c’est une des bases du système de M. Ben Ali », a dénoncé Kamel Jendoubi, président du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), lors d’une conférence de presse organisée à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) à Paris.
« Cela se passe dans les locaux du ministère de l’Intérieur, dans tous les postes de police de Tunisie, dans les prisons. La torture est présente à toutes les étapes, de l’arrestation à la fin de l’incarcération », a renchéri l’avocate Radhia Nasraoui, présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT).
Elle a assuré que la pratique de la torture s’était intensifiée depuis l’entrée en vigueur d’une loi antiterroriste en décembre 2003.
Estimant « entre 1.200 et 1.500 » le nombre de personnes incarcérées dans le cadre de cette loi, Mme Nasraoui a relevé que ces détenus étaient souvent jeunes – nés dans les années 1980 – et soumis à des « pratiques barbares », telles que le supplice de la baignoire ou des brûlures sur des parties sensibles du corps.
Mme Nasraoui a cité des témoignages de victimes, recueillis dans un rapport réalisé par son association et le CRLDHT, qui sera publié le 10 décembre.
« Ce rapport, c’est notre façon de faire notre bilan des 20 ans de pouvoir de Ben Ali, 20 ans de répression, 20 ans de souffrance », a expliqué Fatma Bouamaied, du CRLDHT.
AFP – le 06/11/2007